Les banques européennes devront afficher un ratio de fonds propres "durs" supérieur à 5% pour réussir les nouveaux tests de résistance simulant une récession de deux années, a annoncé vendredi l'Autorité bancaire européenne (EBA). L'EBA a dressé la liste de 90 banques qui devront passer ces "stress tests". Ils visent à déterminer combien d'entre elles devront lever des capitaux, vendre des actifs ou réduire leur portefeuille de prêts de façon à ce qu'elles soient suffisamment fortes pour surmonter d'éventuelles graves crises économiques à venir. Les résultats des tests seront publiés en juin. Les banques qui échoueront à ces tests, et celles qui le réussiront de justesse, devront travailler avec leurs autorités nationales pour résoudre leurs difficultés. L'EBA veut que les pays prévoient un plan de financement en cas de besoin, mais les banques devraient avoir jusqu'à la fin de l'année pour discuter des modalités d'éventuelles levées de fonds, par la vente d'actifs par exemple. Ces nouveaux tests, réclamés par les dirigeants européens, visent à faire taire les critiques de laxisme qui avaient terni les précédents. Deux banques irlandaises ayant réussi l'épreuve s'étaient en effet retrouvées peu après au bord de la faillite, et leur sauvetage par l'Etat avait précipité le plan d'aide international à l'Irlande. 91 banques européennes avaient subi les tests en 2010. Certaines d'entre elles ont disparu depuis, mais toutes les autres passeront de nouveau l'épreuve. Quatre établissements ont en outre été ajoutés : un autrichien, un danois, un irlandais et un norvégien. Sept banques seulement avaient échoué aux tests de l'an dernier (cinq espagnoles, une allemande et une grecque). L'objectif, a rappelé l'EBA dans un communiqué, est de tester globalement "plus de 65 % des actifs bancaires européens" et au moins 50 % des actifs dans chaque pays de l'Union européenne. Le pays le plus représenté sur la liste est de loin l'Espagne avec 24 établissements bancaires, devant l'Allemagne (13). "Nous avons essayé d'apprendre de l'expérience de l'an passé et nous avons durci l'exercice de manière significative", a récemment expliqué le président de l'EBA Andrea Enria, en soulignant sa volonté de conduire des tests "crédibles". Pour réussir le nouvel examen, les banques devront pouvoir justifier d'un ratio minimal de 5 % de capitaux propres "durs" (core Tier 1) en cas de choc économique, un critère plus sévère que l'an dernier. Essentiel, car il mesure les capitaux les plus sûrs des banques, ce ratio risque de poser des problèmes à des établissements régionaux allemands qui ne pourront y inclure certains de leurs actifs. Comme lors des précédents tests, le régulateur utilisera deux scénarios : l'un dit de base, reprenant les principales prévisions macroéconomiques en vigueur ; et l'autre dit "adverse", retenant des hypothèses théoriques de dégradation de l'économie et des marchés financiers. Ces hypothèses adverses, divulguées le mois dernier, sont, elles aussi, plus sévères que l'an dernier. Elles prévoient par exemple une baisse de 0,5 % du produit intérieur brut (PIB) en 2011 dans la zone euro, alors que Bruxelles table sur une hausse de 1,5 %. Certains experts reprochent toutefois à l'EBA d'avoir écarté la possibilité de défaut d'un pays européen sur sa dette, parfois évoquée dans le cas de la Grèce et qui pourrait avoir un effet ravageur sur certaines banques. Le superviseur a répondu qu'il voulait s'en tenir à des hypothèses "plausibles". Il a néanmoins assuré que l'exposition de chaque banque aux dettes des Etats européens serait publiée "dans un souci de transparence". Les tests seront menés par les banques elles-mêmes, mais les résultats seront ensuite contrôlés par leurs pairs, sous la supervision de l'EBA et de la Banque centrale européenne. Leur publication sera accompagnée, pour les plus fragiles, de "recommandations" que chaque régulateur national sera ensuite chargé de mettre en oeuvre. Les banques européennes cotées devraient lever au moins 40 milliards d'euros cette année et les caisses d'épargne espagnoles, les "cajas", lèveront un montant similaire, d'après la majorité des investisseurs interrogés lors d'une importante conférence le mois dernier. Pour 80% des 800 investisseurs interrogés par Morgan Stanley, moins de dix établissements échoueront aux tests de l'EBA.