La Banque centrale européenne (BCE) a prêté mardi 201,28 milliards d'euros sur une semaine à 163 banques installées en zone euro, à trois jours de la publication des tests de résistance de banques européennes. L'opération s'est déroulée au tarif habituel, c'est-à-dire au taux fixe historiquement bas de 1% et à volume illimité, selon un communiqué de la BCE. L'institution monétaire européenne a été sensiblement plus sollicitée que la semaine dernière, où 147 banques lui avaient emprunté près de 196 milliards d'euros. Les opérations sur une semaine sont de nouveau courues par les banques qui ont remboursé fin juin à la BCE un prêt géant sur 12 mois de 442 milliards d'euros. Alors que le marché du prêt interbancaire est toujours tendu en raison du climat de méfiance qui règne entre les banques en zone euro, l'opération principale de la BCE permet aux établissements de se refinancer à court terme et à bon marché. Cette semaine s'annonce particulièrement délicate pour les banques européennes, alors que les résultats de tests de résistance sur 91 d'entre elles doivent être publiés vendredi soir pour la première fois, dans l'espoir de rassurer les marchés sur leur solidité financière. Selon le Handelsblatt de mardi, la banque allemande Hypo Real Estate aurait raté les tests. Ce qui n'est pas une surprise, l'institut n'ayant jamais caché un besoin supplémentaire de capital de 2 milliards d'euros, après avoir été nationalisé par l'Etat fédéral l'an dernier. En effet, les tests de solvabilité auxquels se prêtent 91 banques de l'Union européenne, représentant 65 % de l'ensemble des actifs du secteur, devraient tout de même donner lieu à des mesures de recapitalisation de certains établissements bancaires. Les inquiétudes se portent essentiellement sur les banques grecques ainsi que sur les banques régionales allemandes et les caisses d'épargne espagnoles. Crédit Suisse évalue à 90 milliards d'euros les fonds que les banques européennes devront lever pour ajuster leur niveau de fonds propres au scénario de stress retenu par les autorités européennes, scénario dont le détail n'est pas encore connu. Selon les analystes de la banque suisse, les banques espagnoles et allemandes seraient les plus nécessiteuses, avec un besoin de recapitalisation estimé à 37 milliards d'euros pour les banques régionales allemandes (Landesbanken) et à 12 milliards pour les caisses d'épargne espagnoles. Au global, une vingtaine d'établissements, sur les 91 testées, se verraient dans l'obligation de lever des capitaux frais. Pour les analystes de Goldman Sachs, les grandes banques cotées du Vieux Continent ne devraient pas être conduites à des levées de fonds importantes suite aux tests de solvabilité. Posée l'hypothèse d'un plancher à 6 % pour le ratio Tier 1, les grandes banques européennes devraient passer favorablement les tests. Les équipes de Barclays chiffrent quant à elle à 85 milliards d'euros le besoin de recapitalisation du secteur à l'issue des tests. Les caisses d'épargne espagnoles nécessiteraient un apport de 36 milliards d'euros contre 34,5 milliards pour les banques régionales allemandes et 5,9 milliards pour les banques grecques. Les résultats des tests de résistance menés sous la houlette du comité des régulateurs bancaires européens (le CEBS) seront rendus publics vendredi à 18 heures. Mais des débats persistent sur l'ampleur de l'exercice de transparence qui sera alors mené. Par ailleurs, peu de choses ont filtré des hypothèses de test adoptées.