Les prix du pétrole devraient rester élevés durant "un peu de temps", a estimé, samedi, le ministre luxembourgeois des Finances, Luc Frieden, alors que les Européens cherchent à limiter la spéculation sur les marchés de matières premières. "Nous allons encore devoir faire avec un prix élevé du pétrole pendant un peu de temps ", a indiqué hier Frieden en arrivant à Gödöllö, à une trentaine de kilomètres de Budapest, pour une deuxième journée de discussions avec les autres grands argentiers européens. La récente flambée des prix des matières premières a relancé une polémique en Europe sur le rôle des spéculateurs financiers sur ces marchés. La France veut notamment faire du sujet une des priorités de sa présidence du G20. Tout en reconnaissant l'influence sur les prix des matières premières lors des débats sur l'énergie nucléaire après la catastrophe de Fukushima au Japon et des événements en Afrique du Nord. Frieden a estimé samedi dernier que "plus de transparence dans ce secteur permettrait de mieux contrôler les spéculations, qui conduisent à la hausse des prix ". Ceci au moment où les ministres européens des Finances devraient souligner " que la transparence des marchés dérivés de matières premières a besoin d'être améliorée, sans compromettre le fonctionnement de ces marchés", et encourager Bruxelles à faire des propositions en ce sens, selon un projet de déclaration commune. Ils devraient aussi noter "l'influence grandissante des acteurs financiers sur les marchés de matières premières", et le besoin d'avoir davantage de données sur ces marchés, avec notamment des communications plus fréquentes des investisseurs sur leurs positions. " Il faut qu'on ait des mécanismes pour permettre une bonne régulation. Et cela veut dire donc ce qu'on appelle les limites de positions, pour éviter que les faiseurs de marché tiennent des position trop importantes ", a souligné la ministre française des Finances, Christine Lagarde. Le commissaire européen chargé des services financiers, Michel Barnier, veut introduire de telles limites de position pour les investisseurs sur les marchés de matières premières, espérant ainsi "éviter l'hyperspéculation. Par ailleurs, dans les pays consommateurs, la tendance à la hausse des cours du brut sur le marché international commencent à susciter des appréhensions au sein de l'opinion publique. Désormais c'est le prix du carburant et du gaz destiné à la consommation domestique qui risque des augmentations. Les tensions s'accentuent notamment en France où le gouvernement concentre ses efforts dans le sens à atténuer la tension. En effet, les événements en Libye amplifient l'inquiétude des automobilistes concernant l'évolution du cours du brut. Ainsi, selon un sondage de Viavoice, plus de 70% des Français pensent que la hausse des prix à la pompe va continuer dans les semaines à venir. Les prix des carburants ont augmenté en moyenne de 17% depuis janvier 2010. Face à cette évolution, le gouvernement français a décidé de réagir en augmentant les déductions fiscales, dont bénéficient les consommateurs qui utilisent beaucoup leur véhicule dans le cadre professionnel. Une " revalorisation de 4,6% du barème forfaitaire kilométrique applicable à l'imposition des revenus de 2010 " a été proposée la semaine dernière par le premier ministre François Fillon. Près de 5 millions de consommateurs pourraient en bénéficier.