Le titre honorifique de capitale de la culture islamique est, comme tout le monde le sait, un événement en soi. Naguère, il y a eu Kairouan, Fès, Damas, qui ont arraché ce titre méritoire, aujourd'hui, c'est Tlemcen, contrée de l'ouest que l'on désigne par le nom pompeux de Perle du Maghreb ou encore, capitale des Zianides.Evénement d'ailleurs qui intéresse les médias d'outre mer, puisque "France 2" consacrera deux émissions à l'immense rendez-vous de Tlemcen. L'actualité, il est vrai, l'exige, d'autant que les musulmans n'ont jamais été aussi vilipendés, aussi stigmatisés pour des raisons inavouées. Cependant, "Tlemcen, capitale de la culture islamique", n'est pas seulement la rencontre d'un peuple avec sa religion, c'est plus que ça, c'est la rencontre avec une mémoire, des repères, une histoire riche si l'on se rappelle qu'autour du 15e siècle, au moment du déclin de la civilisation arabo-andalouse, de nombreux penseurs, chassés de Cordoue se sont refugiés pour longtemps dans la perle du Maghreb. Il y avait, et qui le croirait aujourd'hui, une parfaite cohabitation, entre le juif et le musulman, le catholique et le païen. En un mot, Tlemcen, était ville de la tolérance. ça c'est le passé, diriez-vous, mais il est certain que de ce passé demeurent des vestiges dans la tête, sur les murs de la ville, qui a eux seuls, racontent l'extraordinaire récit de la tolérance. C'est Djelloul Beghoura, réalisateur et producteur de l'émission "Islam", diffusée par la chaîne de télévision française "France 2", qui s'occupera de raconter " Tlemcen capitale de la culture islamique 2011 ", avec deux reportages de 30 minutes chacun. Et d'ailleurs, il a déjà pris ses quartiers, dans cette ville où il devra lier des contacts, et sélectionner ses sujets pour le tournage. Selon Djelloul Beghoura, le premier reportage portera sur l'histoire de la ville de Tlemcen, en mettant l'accent sur les différentes périodes qu'elle a connues et ses dimensions cultuelles. Le deuxième sera consacré à la manifestation "Tlemcen, capitale de la culture islamique 2011" qui portera sur les différentes activités organisées dans le cadre de ce rendez-vous et les répercussions positives des multiples projets initiés, notamment en matière de préservation du patrimoine matériel et architectural de Tlemcen. "Avec ces deux reportages, nous avons voulu sortir notre émission des studios pour aller sur le terrain et rapporter à nos téléspectateurs des images fortes et expressives, comme nous l'avons fait pour d'autres villes qui ont été désignées capitales de la culture islamique, " a-t-il déclaré. Djelloul Beghoura a estimé que ce grand rendez-vous est une excellente opportunité pour donner, à travers le cas de Tlemcen, l'image d'une Algérie en développement. "L'accent sera notamment mis sur les efforts de restauration de monuments historiques, de sauvegarde et de réhabilitation de pans entiers de la mémoire matérielle et immatérielle. Les retombées de ces efforts ne peuvent être que positives pour le pays", a ajouté Djelloul Beghoura. Des reportages en somme, qui vont à l'encontre de cette image noircie que donnent les médias occidentaux quand il s'agit de mettre en scène, une Algérie ou l'un des pays d'Afrique. Une contrée riche en mémoire Tlemcen, est une contrée qui recèle des sites et vestiges historiques témoignant de plusieurs civilisations et dynasties musulmanes qui s'y sont succédées. Ceux-ci représentent plus de 70% du patrimoine archéologique musulman national, selon un responsable de l'Office national de gestion et d'exploitation des biens culturels. Parmi les sites historiques majeurs, l'on cite la grande mosquée almoravide qui fut édifiée au 10e siècle sous le règne d'Ali Ibn Youcef successeur de Youcef Ibn Tachfine. S'étendant sur une superficie de 3 000 mètres carrés, cette mosquée est de forme quadrilatère, dotée d'une cour et agrémentée d'une fontaine à vasque. Son minaret datant de 1322 s'élève à une hauteur de 32 mètres. Non loin de ce site, s'élève la mosquée de Sidi Belhacen dont la fondation remonte à 1296/97. Dépourvue de cour, sa conception évoque une forme carrée de 12 mètres de côté et son agencement correspond à trois travées portées par des colonnes en onyx vert. Bien que son aspect extérieur soit modeste, elle se distingue par des motifs décoratifs fins à l'intérieur. Ses plafonds en bois de cèdre épousent la forme des travées, restituant ainsi une forme pyramidale à base rectangulaire. Son minaret haut de plus de 16 mètres conserve encore la parure de ses réseaux et de ses arcatures de brique.La mosquée de Sidi Boumediène, édifiée sur les hauteurs du village d'El Eubbad illustre, selon la même source, le raffinement atteint en matière d'architecture et de décoration en stuc, plâtre et faïences, sous le règne des Abdelwadide. Elevée en 1338 par Abou Al Hassan, cette mosquée qui s'étend sur 540 m2 est ordonnancée autour d'une cour carrée entourée de portiques. Face au porche d'entrée se présente la salle de prière que rien n'isole de la cour. La cité des zianides compte d'autres mosquées aussi belles les unes que les autres avec chacune une architecture spécifique qui en dit long sur ses bâtisseurs, à l'instar de celles de Sidi Haloui, Sidi Brahim Al Masmoudi, la grande mosquée de Nedroma et celle du village de Tafesra à Beni Snouss. Toutes ces mosquées ont bénéficié dans le cadre de la manifestation "Tlemcen, capitale de la culture islamique" d'opérations de restauration et de réhabilitation, a-t-on signalé. Tlemcen recèle d'autres sites archéologiques qui attestent de la richesse de son histoire tels que le palais citadelle d'El Mechouar qui fut la résidence officielle des princes zianides. Edifié en 1145, ce site fut le lieu où le roi almoravide Youcef Ibn Tachfine avait planté sa tente lors du siège d'Agadir. Au début, ce fut tout simplement un lieu servant de résidence aux rois almoravides puis aux almohades avant de changer avec l'arrivée des Zianides. Yaghmoracen qui, après avoir abandonné "El Qasr El Qadim", voisin de la grande mosquée de Tlemcen, y jeta les fondations d'un nouveau palais. Ses successeurs y apportèrent de nombreux embellissements, et la mosquée se trouvant dans son enceinte, édifiée par le sultan Abou Hammou Moussa premier, est considérée comme l'unique mosquée royale à Tlemcen.