Le ministère de l'Agriculture et du Développement rural a décidé d'octroyer 620 hectares de terres agricoles à la société algéro- émiratie, Mahaçil, pour la réalisation de son unité de production de lait. Cette dernière, qui sera installée à Hamadia à l'est de Tiaret, sera le plus grand complexe laitier en Afrique. Pour rappel, l'investissement de la société algéro-émiratie Mahaçil dans ce complexe laitier est de l'ordre de 100 millions de dollars US. Le promoteur du projet, en l'occurrence le Dr Mohamed Ali Chatiba, avait annoncé, dernièrement, lors d'une visite à Tiaret que ce grand projet portant sur l'élevage de 10 000 vaches laitières nécessite, pour sa concrétisation, 620 hectares de terres agricoles Une fois opérationnel, le projet table sur une production laitière de 200 000 litres/jour Et lorsque cette unité de production atteindra sa phase finale d'ici cinq ans, elle s'étendra sur une surface de 5 000 hectares, a affirmé le directeur de Mahaçil, M. Mohamed Ali Chatiba, à l'agence de presse saoudienne SPA. L'investisseur compte importer 2 000 vaches laitières dans une première étape au début de 2008, avant d'atteindre 10 000 à moyen terme. "L'usine sera opérationnelle au 1er trimestre de 2008 et aura une capacité de production de 75 millions de litres de lait par an, soit 200 000 litres/jour, en plus de 3 000 tonnes de viandes rouges dégagées chaque année", a-t-on précisé. "Le projet est très important du fait qu'il permettra de répondre à une partie des besoins du marché local évalué à 3,3 milliards de litres par an", a estimé M. Chatiba, rappelant que la consommation par habitant en Algérie est de 110 litres/an, contre 87 litres/an en Tunisie et 50 litres/an au Maroc, alors que la production nationale est loin de satisfaire les besoins. Concernant la production laitière dans la région de Tiaret, elle est actuellement assurée par le secteur public qui fournit 60 000 litres/jour. Elle parvient non seulement à couvrir les besoins locaux mais fournit en plus certaines régions mitoyennes. Il faut dire que cet investissement vient à point nommé pour combler le déficit en production laitière. L'Algérie n'arrive toujours pas à satisfaire les besoins nationaux estimés à trois milliards de litres par an. La production nationale étant de deux milliards et demi de litres par an. Ajoutons à cela, la crise qui a secoué la filière ces derniers mois en raison des fluctuations des prix de la poudre de lait sur le marché international. L'Etat s'est engagé à prendre en charge les subventions quant à l'importation de la matière première qu'est la poudre de lait. Mais est-ce une solution définitive ? Non, bien entendu. Le salut ne viendra que de l'investissement dans la production de lait cru. Cette dernière, actuellement, connaît des dysfonctionnements à plusieurs niveaux. Des agronomes ayant une longue expérience dans le domaine de la production laitière, eux-mêmes éleveurs et producteurs de lait cru, se sont prononcés à maintes reprises sur le dispositif actuel. Pour ces derniers, "on a mis la charrue avant les bœufs ". Et pour preuve, des dizaines de laiteries ont été créées sans véritables assises d'élevage performant en production laitière. Toutes font dans la transformation de la poudre de lait issue de l'importation, ainsi mieux stockable et moins chère à un certain moment, mais plus maintenant. Ce qui a créé d'ailleurs, cette situation de crise ayant trait à l'importation de cette matière dite première. Sans oublier un autre élément qui a son importance, également, à savoir le déploiement de grosses unités étrangères qui sont entrées en production, achetant ainsi de grosses quantités de lait au quotidien. L'éclosion de grands groupes de l'industrie laitière en Algérie, tels Djudjura-Danone Algérie, Soummam et Trèfle, nécessite, effectivement, un approvisionnement régulier de lait cru, ce qui ne peut se faire que localement pour des raisons de logistique et de rentabilité. Le circuit national de collecte étant quasi-inexistant. C'est pourquoi, d'ailleurs, tous ces groupes ont créé leur propre réseau de collecte au niveau de leur région de déploiement.