Les trophées, Yasmina Khadra aime ça. Et en ce moment, l'écrivain qui gère le Centre culturel algérien à Paris, (CCA), doit être aux anges. Des prix il en a beaucoup eu, mais ça semble jamais assez pour l'ex- militaire, devenu subitement autour des années 2000, une icône de la littérature algérienne d'expression française.La petite fondation, "Prince des Asturies " vient de mettre l'auteur de "Ce que le jour doit à la nuit ", sur la liste de l'heureux élu au prix éponyme. L'annonce en a été faite à Oran, lieu symbolique où se déroule l'action de "Ce que le jour doit à la nuit ", lors d'une rencontre avec l'Institution culturelle espagnole Cervantès. Une institution qui considère d'ailleurs que l'œuvre de Yasmina Khadra est "un symbole fort de la promotion du dialogue entre les cultures et son nom mérite d'être proposé pour l'obtention du Prix Prince des Asturies de la Concorde", selon Javier Galvan, directeur de l'Institut Cervantès. Ce responsable va encore très loin en estimant que " L'œuvre de Yasmina Khadra a permis dans ce sens à la civilisation occidentale de mieux comprendre la culture arabe". Ce trophée de la principauté espagnole, "Le prince des Asturies ", est décerné officiellement chaque année à Oviedo (capitale des Asturies) par la Fondation éponyme à des personnalités et des institutions qui se sont distinguées par des travaux d'envergure internationale dans huit catégories. Il s'agit des Arts, communications et humanités, coopération internationale, littérature, sciences sociales, sports, techniques et recherches scientifiques et concorde. L'athlète algérienne Hassiba Boulmerka avait remporté ce prestigieux prix dans la catégorie sports en 1995. Yasmina Khadra alias Mohamed Moulessehoul, était l'hôte de l'Institut Cervantès qui vient de créer un rayon dédié à ses publications dans la bibliothèque de cet établissement culturel. Accompagné du traducteur de ses livres en langue espagnole, l'écrivain algérien a animé dans ce cadre une rencontre devant une assistance nombreuse composée notamment d'étudiants et d'hommes de culture. Il a évoqué à ce titre son parcours en tant qu'auteur, en rappelant que ses romans sont aujourd'hui présents dans 42 pays, dont l'Espagne où ils sont publiés même en catalan, et le Japon où la lecture de son œuvre a inspiré la création d'une branche de littérature algérienne à l'université de Tokyo. Il a écrit plusieurs romans célèbres publiés dans une trentaine de langues, tels "Les Agneaux du seigneur", "A quoi rêvent les loups", "L'attentat" et "Ce que le jour doit à la nuit" (dont l'adaptation au cinéma est en cours) et son dernier-né "L'olympe des infortunes". Son prochain ouvrage sera publié en septembre prochain sous le titre "L'équation africaine", a-t-il annoncé. Le pamphlet de Khadra En 2008 lors de la sortie du pavé " Ce que le jour doit à la nuit " (Julliard), Yasmina Khadra qui espérait en retour que son roman soit porté sur la liste des principaux prix littéraires, décernés chaque année en France pendant la période de la rentrée littéraire coïncidant avec le mois de septembre, enrageait du fait qu'il soit ignoré par les jurys des prestigieux prix littéraires. Pas de trophée pour Yasmina Khadra. Très offensé, l'auteur de "Cousine K " avait dans un entretien publié au journal français Le parisien, dénoncé les "aberrations parisianistes " des institutions littéraires qui se sont, dit-il, " liguées " contre lui pour écarter son dernier roman des principaux prix. Un coup de gueule assez fort qui dit " Toutes les institutions littéraires se sont liguées contre moi. ça n'a pas de sens ces aberrations parisianistes!", déclare le prolifique Yasmina Khadra. Paru le 25 août 2008, " Ce que le jour doit à la nuit " a été publié immédiatement aux éditions Sédia, dans sa collection " Mosaïque ", consacrée essentiellement aux ouvrages d'algériens vivant à l'étranger. Selon le sondage, ce dernier roman est l'un des rares récits français de la rentrée littéraire à avoir figuré parmi les meilleures ventes au cours des deux derniers mois. Ce qui n'a, semble-t-il pas pesé pour que le livre soit mentionné dans une sélection quelconque des prix de l'automne. " Les gens pensent que ça a été facile pour moi de devenir écrivain. Ils n'ont rien vu de mon parcours. J'ai été soldat à l'âge de 9 ans ", clame-t-il, rappelant son itinéraire d'ancien militaire algérien, qui écrit sous un pseudonyme féminin. Dans, " Ce que le jour doit à la nuit ", Yasmina Khadra raconte les aventures de Younès un enfant aux yeux bleus dont le père, paysan ruiné par un spéculateur autochtone, perd ses terres ancestrales. Accablé, l'homme doit se résoudre à confier son enfant à son frère, un pharmacien parfaitement intégré à la communauté pied-noire d'une petite ville de l'Oranais. Le sacrifice est immense. En abandonnant son fils, l'homme perd du même coup le respect de lui-même. " Jamais il n'aurait pensé qu'un jour l'ennemi aurait été aussi invisible. Au moins, dit-il, quand il risquait sa peau face aux intégristes, slalomant entre les horreurs de la guerre, ramassant ses.. " écrit Le parisien. "J'écrivais dans une langue qui n'est pas la mienne, avec ma singularité de bédouin. C'est la poésie de mes ancêtres qui lui donne cette teinte que certains me reprochent ", explique-t-il, avant de fustiger ceux " qui ne savent pas que la langue française peut tout dire, parler d'infinitude ". " Ce livre, je le porte en moi depuis 1982 ", a confié le romancier algérien reconnu dans le monde entier, en parlant de son dernier roman " disqualifié " des listes des sélections.