Conscient des défis que pose le changement climatique à l'agriculture, les pays du Maghreb multiplient des actions et des programmes visant le renforcement des politiques agricoles menées respectivement au niveau de chaque pays et surtout la modernisation des moyens de production et de promotion des produits du terroir. Au moment où en Algérie, le secteur agricole observe des réformes multidimensionnelles depuis 2008, le Maroc accentue les efforts pour la mise à niveau du secteur. Les actions dans le domaine de la recherche et du développement dans ce pays voisin ont favorisé le développement de plusieurs technologies agricoles, en l'occurrence l'amélioration génétique, l'irrigation, la protection phytosanitaire, la fertilisation minérale et la mécanisation, a indiqué à la MAP, M. Riad Balaghi, chef du département de l'environnement et des ressources naturelles à l'Institut national de la recherche agronomique (INRA). Ces technologies n'ont pas eu, toutefois, l'effet escompté sur l'amélioration de la productivité des cultures pluviales, à l'exception de l'amélioration génétique et de la protection phytosanitaire sur le blé tendre, a-t-il constaté. La période 1979/2008 a enregistré un gain de productivité de 0,64 quintal de blé tendre par kg de pesticides consommé, a ajouté l'expert, précisant que la protection phytosanitaire a permis des gains importants de productivité pour les fourrages, la vigne et la betterave à sucre. Des gains de productivité importants ont été également enregistrés pour les cultures maraîchères et surtout pour la tomate en plein champ et sous serre: 37,9 quintaux de tomate par kg de pesticide. Dans un contexte mondial marqué par les enjeux de la sécurité alimentaire, le changement climatique, la hausse des prix des produits agricoles, la responsabilisation des producteurs et la lutte contre la pauvreté, le Maroc a revu sa stratégie agricole dans un sens de mise à niveau, de restructuration et de redéfinition des missions, a indiqué M. Balaghi. Cette stratégie a notamment érigé l'économie d'eau d'irrigation en action stratégique cruciale pour garantir une agriculture plus productive, durable et respectueuse de l'environnement. La nouvelle politique du développement du secteur, qui a adopté une approche globale, repose sur deux piliers. Le premier porte sur le développement d'une agriculture productiviste et moderne répondant aux règles du marché en s'appuyant sur les investissements privés dans les filières à haute valeur ajoutée et à haute productivité. Le deuxième pilier concerne l'accompagnement d'une agriculture solidaire et la lutte contre la pauvreté notamment dans les zones à économie fragile et ce, à travers l'amélioration des revenus des agriculteurs pauvres par l'intensification, la diversification et la valorisation des produits agricoles locaux. Au Maroc, le secteur agricole, qui participe au PIB dans une proportion varie de 15 à 20%, joue également des rôles importants en matière de sécurité alimentaire pour plus de 30 millions de Marocains, outre sa vocation à approvisionner l'agro-industrie en matières premières, à créer des emplois (3 à 4 millions de ruraux et un minimum de 60.000 dans l'agro-industrie). Il occupe aussi un place importante en matière d'approvisionnement en devises par son positionnement sur les marchés internationaux, sans oublier le rôle que le secteur joue pour la stabilisation des populations en milieu rural et la lutte contre la pauvreté (près de 15 millions de ruraux, 1,5 million d'exploitations, 8 millions d'actifs exposés au chômage et à de conditions de vie difficiles). Le secteur agricole occupe de surcroît une place importante dans la politique d'aménagement du territoire surtout au niveau des régions périphériques (zones arides et semi- arides, oasis et montagnes) et de développement durable notamment en termes de préservation des ressources naturelles surtout l'eau (rareté, concurrence sachant que l'agriculture consomme à elle seule plus de 80% au niveau national). Toutefois, a relevé M. Balaghi, le développement de l'agriculture marocaine requiert une plus grande capacité d'investissement du secteur privé et de participation des banques commerciales, un management suffisant, une bonne organisation des producteurs, une disponibilité du foncier agricole, une utilisation rationnelle de l'eau d'irrigation et une mise à niveau des structures d'encadrement.