Le projet Medgaz, qui doit relier l'Algérie à l'Espagne par voie sous-marine, commencera, conformément aux délais fixés, à transporter du gaz en 2009, a assuré jeudi à Madrid le président de la société qui réalise ce projet stratégique, M. Pedro Miro. Lors d'une rencontre avec la presse au cours de laquelle il a passé en revue l'état d'avancement du projet, M. Miro a souligné que "nous serons au rendez-vous en 2009 pour commencer à livrer du gaz", ajoutant que "l'un de nos principaux objectifs est de respecter les délais de réalisation". Pour le président de la société Medgaz, la décision ferme d'investissement, signée par les actionnaires de Medgaz en décembre 2006, a constitué un jalon "fondamental" dans la concrétisation du projet, en ce qu'elle a permis de passer à la phase de réalisation et de mobiliser des ressources suffisantes pour que les travaux soient achevés dans les délais prévus, soit 30 mois. Le président de Medgaz a mis en exergue dans ce contexte les progrès enregistrés dans la réalisation. C'est ainsi qu'il a précisé que la fabrication des tuyaux qui seront posés sous la mer, confiée aux entreprises japonaises Mitsui et Sumitomo, est déjà à un stade "très avancé". "Sur 100 000 tonnes de tuyauterie, Sumitomo a pratiquement fabriqué la totalité de la part qui lui revient et Mitsui en est à la moitié", a-t-il dit, ajoutant qu'aucun "retard" n'était prévu. Il a indiqué aussi que 20 000 tonnes de tuyauterie sont actuellement en Malaisie où leur est appliqué un revêtement spécial qui renforce leur résistance interne, précisant que la pose des tuyaux débutera au printemps 2008. Concernant la fabrication des compresseurs, dont le contrat a été adjugé à la firme britannique Rolls Royce, M. Miro a souligné qu'elle se déroule comme prévue et que certains composants sont également à un stade "très avancé"."Nous avons été très scrupuleux dans le choix des sociétés adjudicataires des contrats pour la construction du gazoduc", a souligné le président de Medgaz. M. Miro s'est dit d'autre part confiant que la société Enagas, qui gère l'ensemble du réseau gazier espagnol et qui a été chargée du raccordement du gazoduc à ce réseau, sera elle aussi au rendez-vous en 2009, rappelant que le projet Medgaz est considéré prioritaire dans la planification énergétique de l'Espagne. Jay Chaudhuri, chef de projet, a mis en relief, de son côté, les avantages qu'offre le gazoduc en termes de coûts de transport. "Le gaz qui sera livré à travers Medgaz sera 3 fois moins cher que celui transporté par méthaniers", a-t-il précisé. Medgaz sera le deuxième gazoduc qui reliera l'Algérie à l'Espagne. Le premier, le GME, passe par le Maroc et le détroit de Gibraltar. Medgaz reliera directement la ville de Beni Saf (ouest de l'Algérie) à la ville du sud de l'Espagne, Almeria. Il a été lancé à la fin de l'année 2000 par Sonatrach et la compagnie espagnole Cepsa. Pour rappel, le groupe Sonatrach est devenu l'actionnaire majoritaire dans Medgaz après le retrait de Total et de BP. Total et le britannique BP détenaient 12% chacun dans le consortium. Avant la sortie des deux groupes, il était composé de Sonatrach (20% du capital), des groupes espagnols Cepsa (20%), Endesa (12%) et Iberbola (12%), des français GDF (12%) et Total (12%) et du britannique BP (12%). Le débit de base du pipe serait de 8 milliards de mètres cubes par an. Le gazoduc reliera sur le territoire algérien Hassi R'mel à Beni Saf. Le tronçon sous-marin reliera Beni Saf à Almeria sur une longueur de 200 km avec une profondeur d'environ 2 100 m. Après le tronçon sur le territoire espagnol, le gazoduc sera raccordé au réseau français. Le coût du projet se situerait autour de 600 millions d'euros, selon une estimation. Par ailleurs, avec la signature de l'accord de vente de près d'un milliard de m3 de gaz à GDF via le Medgaz, le volume global déjà vendu par Sonatrach s'élève à près de 5,2 milliards de m3. Le reste (environ 2,8 milliards de m3) sera écoulé par Sonatrach sur les marchés espagnols et français. Les trois partenaires espagnols ont déjà acheté un total de 4,2 milliards de m3 : Cepsa (1,6 milliard de m3), Iberdrola (1,6 milliard) et Endesa (1 milliard).