Le Programme alimentaire mondial (PAM) a tiré. jeudi la sonnette d'alarme sur la crise alimentaire qui se profile en Libye où les affrontements armés, les perturbations des activités portuaires, associés au manque d'essence et aux problèmes de devises rendent complexe l'importation de stocks de nourriture dans le pays."Nous sommes extrêmement inquiets sur la sécurité alimentaire de la population", a déclaré jeudi le directeur régional du PAM, Daly Belgasami, lors d'une conférence de presse à Genève. Une équipe d'évaluation du PAM estime qu'une "crise alimentaire de grande échelle" se prépare dans les 45 à 60 prochains jours si la situation n'évolue pas favorablement, a indiqué M. Belgasami. "Nous devons reconstituer les stocks de nourriture et les intrants de production locale spécifiquement pour nourrir les animaux et maintenir des filets sociaux y compris la distribution de nourriture", a-t-il ajouté. Environ 2,5 millions de personnes de pays tiers vivent en Libye dont 500 000 ont déjà fui le pays à cause des affrontements sanglants qui opposent les insurgés aux forces loyales au dirigeant libyen Mouammar kadhafi. Pour M. Belagasami, ce départ massif a un impact direct sur la production agricole et sur la sécurité alimentaire du pays, les migrants constituant une grande partie de la main d'œuvre libyenne. L'ensemble des agences de l'ONU cherchent à récolter 310 millions de dollars afin de couvrir les besoins des populations en danger pendant une période de trois mois en matière d'abris, nutrition, de soins médicaux, d'eau et d'assainissement. A ce jour 129 millions de dollars ont été reçus. Au cours de consultations privées du Conseil de sécurité, le Secrétaire général adjoint aux affaires politiques, M. B. Lynn Pascoe, a fait le point de la situation en Libye. " La Libye risque de faire face à une crise de grande envergure en matière de sécurité alimentaire au cours des 45 à 60 prochains jours, avertit le Programme alimentaire mondial (PAM). Le système de sécurité alimentaire du pays a été gravement perturbé et la Libye se voit dans l'incapacité d'importer suffisamment de denrées alimentaires à cause des perturbations qui entravent les activités portuaires et du fait de la pénurie de pétrole. Le PAM indique aussi qu'il faut prendre immédiatement des mesures visant à augmenter le flux de biens commerciaux, en vue de reconstituer les stocks alimentaires ainsi que les biens nécessaires à la production locale, et de maintenir les filets de sécurité sociale ". En Côte d'Ivoire, le Bureau de la Coordination des affaires humanitaires (OCHA) indique que les milices armées continuent à attaquer la population dans l'ouest du pays et que l'insécurité empêche les agents humanitaires d'accéder aux personnes qui ont besoin de leur aide. OCHA souligne que les personnes qui ont choisi de rester dans ces régions ont besoin d'être approvisionnées en eau et en produits alimentaires, ainsi que pour recevoir des soins de santé. Au cours des deux dernières semaines, ces populations n'ont obtenu qu'une assistance limitée, c'est-à-dire des soins médicaux fournis dans des cliniques ambulantes. En outre, OCHA se dit toujours préoccupé par le nombre important de personnes, environ 28 000, qui ont trouvé abri à la Mission catholique de Duékoué. Selon OCHA, il est impératif d'ouvrir un autre site afin d'améliorer les conditions de vie des personnes déplacées.