Un projet de rapport d'un Groupe d'experts de l'ONU a révélé hier, que les énergies renouvelables peuvent et doivent représenter la plus grande partie de l'offre énergétique d'ici 2050. Le résumé du projet de rapport doit être présenté par le Groupe intergouvernemental d'experts de l'ONU sur l'évolution du climat (Giec) sous sa forme définitive, lundi lors d'une réunion du groupe à Abou Dhabi. Cette évaluation, de loin la plus complète de l'ONU sur le potentiel de ces énergies "propres", compare 164 scénarios. En 2008, six types de renouvelables représentaient 12,9% de l'offre énergétique globale: la biomasse (10,2%), l'hydraulique (2,3%), l'éolien (0,2%), le solaire (0,1%), la géothermie (0,1%) et l'énergie issue de l'océan (0,002%). Les énergies fossiles, charbon, pétrole et gaz représentaient 85% et le nucléaire 2%. Stimulées par des mesures gouvernementales, des coûts technologiques de plus en plus faibles et le prix croissant des énergies fossiles, "le déploiement des énergies renouvelables a augmenté rapidement ces dernières années", indique le texte. Elles ont représenté près de la moitié des 300 gigawatts générés par les nouvelles installations électriques dans le monde en 2008 et 2009, le reste était très largement couvert par le charbon. Rédigé avant la crise de Fukushima, le projet de rapport estime qu'il est plus probable d'assister d'ici 2050 à une vraie montée en puissance des renouvelables qu'à un scénario qui privilégierait le nucléaire et la capture et stockage de CO2 (CCS), une autre façon de lutter contre les émissions de gaz à effet de serre (GES). Le Giec, créé en 1988, est l'instance scientifique qui fait autorité en matière de réchauffement climatique. Ce rapport intermédiaire devrait contribuer à la rédaction du 5ème grand rapport, prévu en 2014. Par ailleurs, les gaz et huiles de schiste, s'ils suscitent une forte opposition dans des pays comme la France, modifient les perspectives énergétiques à l'échelle mondiale en raison de réserves importantes, notamment aux Etats-Unis où l'exploitation des gaz non conventionnels croît fortement. Les réserves prouvées de gaz au niveau mondial peuvent assurer une soixantaine d'années de consommation au rythme actuel, selon une récente note d'un organe gouvernemental français. Avec les gaz non conventionnels, comme le gaz de schiste, "cette durée pourrait plus que doubler", selon la même source. A l'échelle mondiale, les ressources exploitables en gaz non conventionnels seraient supérieures à celles de gaz conventionnel. Le tiers de ces ressources seraient localisées dans la zone Asie-Pacifique, notamment en Chine où un centre de recherches a été lancé, et le quart en Amérique du Nord, selon l'Agence internationale de l'énergie (AIE). Mais les sous-sols du Moyen-Orient, des pays de l'ex-URSS, d'Amérique du Sud et d'Europe abriteraient aussi des réserves non négligeables. Ces gaz non conventionnels (gaz de schiste, mais aussi gaz de réservoir compact ou "tight gas"), qui ne peuvent être exploités avec les modes de production classiques, sont connus depuis longtemps. C'est la mise en oeuvre récente de nouvelles technologies aux Etats-Unis qui rend aujourd'hui possible, aux yeux des industriels, l'exploitation commerciale de ces réserves de gaz de schiste à travers le monde. La hausse des prix des hydrocarbures classiques a permis le développement de technologies jusqu'ici peu utilisées pour des raisons de coûts: le forage horizontal et la fracturation hydraulique des roches. Pour extraire les gaz de schiste, il faut en effet forer à l'horizontale jusqu'à 3 km de profondeur et injecter d'énormes quantités d'eau, de sable et de produits chimiques pour fracturer la roche. Cette technique est toutefois fortement contestée car accusée de polluer les nappes phréatiques. En dépit de l'opposition croissante, y compris aux Etats-Unis, la part des gaz non conventionnels dans la production gazière américaine n'a cessé de croître ces dernières années pour atteindre plus de 50% aujourd'hui. Les industriels, s'inspirant de l'exemple américain, multiplient désormais les prospections dans le monde. La Pologne, dont des gisements à confirmer atteindraient 5.300 milliards de mètres cubes selon un rapport de l'Agence américaine d'Information énergétique (EIA), rêve ainsi de devenir une grande puissance gazière en Europe et de s'affranchir de sa dépendance énergétique face à la Russie. En France, aucun forage d'exploration n'a eu lieu pour évaluer les réserves de gaz de schiste mais un récent rapport commandé par le gouvernement a chiffré les réserves à "90 ans de consommation actuelle" de gaz. Mais à la suite de la levée de boucliers des écologistes et des riverains, Paris a annoncé en avril l'annulation des autorisations déjà données à des projets d'exploration. Le Québec a également donné, en mars, un coup de frein à l'exploration de gaz de schiste. En Pennsylvanie (Etats-Unis), des forages ont été suspendus en avril après une explosion sur un puits. Les députés français doivent examiner mardi une proposition de loi qui va interdire la technique contestée de la fracturation hydraulique, mais le texte ne dissipe pas totalement les inquiétudes des écologistes, qui réclament l'interdiction de l'exploitation, quelle que soit la technique employée.