Les énergies renouvelables, qui pourraient couvrir jusqu'à 80% de la consommation mondiale en 2050 si des politiques ambitieuses sont menées, vont être déterminantes dans la lutte contre le réchauffement, a estimé, hier mardi, le groupe d'experts de l'ONU sur le climat. "Parmi les options permettant de réduire les émissions de gaz à effet de serre, les énergies renouvelables vont jouer un rôle important", a souligné le professeur Ottmar Edenhofer, coprésident de l'un des groupes de travail du Groupe d'experts de l'ONU sur l'évolution du climat (Giec). Le Giec, l'instance scientifique de référence sur le changement climatique, a adopté lundi à Abu Dhabi les conclusions d'un rapport synthétisant les données existantes sur les énergies renouvelables et établissant des projections d'ici 2050 en fonction des choix énergétiques qui seraient faits. Parmi 164 scénarios examinés, le plus optimiste avance que les énergies renouvelables (biomasse, solaire, géothermie, hydraulique, énergie marine, éolien) "compteront pour au moins 77% des besoins énergétiques mondiaux à l'horizon 2050". L'hypothèse la plus basse prévoit en revanche une part de seulement 15% des besoins énergétiques couverts en 2050 par les énergies renouvelables. Les scénarios s'accordent néanmoins sur "une hausse significative" des énergies renouvelables d'ici 2030 puis 2050, plus de la moitié des projections montrant une part d'au moins 17% en 2030 et d'au moins 27% en 2050. Le Giec souligne toutefois qu'un accroissement notable de ces énergies renouvelables constitue "un véritable défi tant technique que politique". Les énergies renouvelables, même si elles progressent, représentaient moins de 13% de l'approvisionnement mondial en 2010, contre 85% pour les énergies fossiles (charbon, pétrole et gaz), pourvoyeuses d'une grande partie du gaz à effet de serre à l'origine du changement climatique, et 2% pour le nucléaire. Concernant le nucléaire, le rapport ne prend pas en compte les éventuelles conséquences de l'accident de Fukushima sur les futurs choix énergétiques. "Aujourd'hui, 14% de l'électricité mondiale est d'origine nucléaire. Si cette part diminue dans les prochaines décennies et que, dans le même temps, la production d'électricité double, il est certain que cette nouvelle électricité nécessitera des ressources comme le charbon et le gaz", selon M. Edenhofer, avec de nouvelles émissions de gaz à effet de serre à la clé. La communauté internationale s'est fixée pour objectif de contenir la hausse de la température mondiale à 2°C. Les coûts de développement des renouvelables, quel que soit le scénario, resteront "inférieurs à 1% du PIB mondial jusqu'à 2050", a souligné le président du Giec, Rajendra Pachauri. "C'est un chiffre extrêmement significatif, cela montre que le coût de développement et d'utilisation des énergies renouvelables est à portée de main." "Ce n'est pas tant la disponibilité des ressources que les politiques publiques mises en place qui permettront ou non de développer les énergies renouvelables", selon Ramon Pichs, autre coprésident de ce groupe de travail. Pour la responsable de l'ONU sur le climat, Christiana Figueres, ce rapport "souligne le potentiel irremplaçable des énergies renouvelables pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et améliorer la vie des gens autour du monde". Le rapport intermédiaire, avec un autre prévu en fin d'année sur les évènements climatiques extrêmes, devrait contribuer à la rédaction du 5ème grand rapport du Giec, prévu en 2014.