Initiateur du sommet sur le réchauffement climatique placé sous le thème «Pour une croissance verte, protégeons la planète», le secrétaire général de l'Onu, Ban Ki-moon, a appelé, hier à New York, à une réduction «drastique» des émissions de gaz à effet de serre (GES), principaux responsables du réchauffement de la planète. «Vous avez le pouvoir d'ouvrir un chemin plus sûr, durable et prospère pour cette génération et celles qui suivent. Le moment est venu pour vous d'agir», a-t-il déclaré devant des dizaines de dirigeants du monde entier, réunis à l'ONU lors de ce sommet tenu en marge de la 64e session de l'assemblée générale de l'Onu. Ban Ki-moon a par ailleurs rappelé que «les émissions de gaz à effet de serre continuent de s'accroître» et que «l'on atteindra bientôt des seuils critiques». «Certains disent que lutter contre les changements climatiques est trop cher. Ils ont tort. C'est le contraire qui est vrai. Nous paierons un prix inacceptable si nous n'agissons pas tout de suite», a averti Ban Ki-moon, quelques semaines seulement avant la conférence sur le climat, prévue à Copenhague (Danemark). Au sujet de la conférence de Copenhague, M. Ban a exhorté les chefs d'Etat et de gouvernement participant à ce sommet à apporter un véritable soutien aux objectifs de cette rencontre prévue en décembre 2009 et à réduire de façon drastique les émissions de gaz à effet de serre. Pour le président américain Barack Obama, dont le pays (USA) est l'un des plus gros pollueurs au monde, «la menace représentée par le changement climatique est grave, elle est urgente et elle grandit». Les générations futures, a-t-il estimé, vont à une «catastrophe irréversible» si la communauté internationale n'agit pas «audacieusement, rapidement et ensemble», a-t-il prévenu. «Nous sommes déterminés à agir. Et nous honorerons nos responsabilités à l'égard des générations futures», a-t-il promis, avant de rappeler son objectif de ramener les émissions américaines de gaz à effet de serre à leur niveau de 1990 d'ici à 2020. Des engagements et des blocages Le président français Nicolas Sarkozy a même proposé que les principaux pays pollueurs se retrouvent pour un sommet «à la mi-novembre» afin de préciser leurs engagements avant le sommet de Copenhague, réaffirmant son souhait que soit créée une «organisation mondiale de l'environnement». M. Sarkozy a également demandé une «initiative particulière» en faveur de l'Afrique. «On ne peut pas laisser l'Afrique dans une telle situation», a-t-il dit. S'exprimant au nom de l'Union européenne (UE), le Premier ministre suédois, Fredrik Reinfeldt, a appelé de son côté à des «progrès réels» pour sortir de «l'impasse» dans les négociations en cours sur un futur accord contre le réchauffement climatique. «Nous sommes proches d'un blocage», a-t-il lancé, en appelant les dirigeants à «donner des consignes politiques claires» pour orienter les négociations. «Il n'y a pas d'option autre qu'un succès à Copenhague», a conclu M. Reinfeldt. Les «engagements clairs» sont venus au contraire des pays asiatiques. Premier émetteur de gaz à effet de serre, la Chine s'est engagée à réduire de façon «notable» ses émissions de gaz à effet de serre rapportées à la croissance économique d'ici 2020 par rapport à 2005, ainsi qu'à développer «vigoureusement» les énergies renouvelables et l'énergie nucléaire. «Nous allons notablement réduire nos émissions de dioxyde de carbone (CO2) par point de croissance économique d'ici 2020 comparativement à leur niveau de 2005», a déclaré le président chinois Hu Jintao. «Deuxièmement, nous allons vigoureusement développer les énergies renouvelables et l'énergie nucléaire. Nous allons accroître la part des énergies non fossiles dans la consommation du pays à environ 15% d'ici 2020», a-t-il encore ajouté. De son côté, le Premier ministre japonais, Yukio Hatoyama, a réaffirmé l'engagement de son pays à conduire d'«importantes réductions» de ses émissions de gaz à effet de serre, déclarant que «pour ses objectifs à moyen terme, le Japon s'efforcera de réduire ses émissions de 25% d'ici 2020 par rapport à leurs niveaux de 1990. Si ces engagements et promesses d'actions chinoises et japonaises ont réjoui l'ex-vice-président américain Al Gore, les Etats-Unis restent sceptiques quant à la réalisation de leurs engagements, spécialement ceux de la Chine. L'envoyé spécial américain pour le changement climatique, Todd Stern, a noté devant des journalistes que M. Hu n'avait pas avancé de chiffre précis. Pour plusieurs organisations de défense de l'environnement, «la Chine a confirmé qu'elle prenait le changement climatique au sérieux et devrait annoncer de nouveaux chiffres d'ici Copenhague». Réussir la conférence de Copenhague, une nécessité Très attendue, la conférence de Copenhague devrait déboucher sur des décisions claires et des «sacrifices» dans ce sens. Un échec à la conférence sur le climat à Copenhague serait «moralement inexcusable», a déclaré le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, ajoutant que «le changement climatique est la question géopolitique et économique dominante du XXIe siècle qui bouleverse l'équation mondiale du développement, de la paix et de la prospérité». Par ailleurs, intervenant hier à l'ouverture de l'assemblée générale de l'Onu, Ban Ki-moon a appelé le monde à l'unité face aux défis de la planète. «S'il y a jamais eu un bon moment pour agir dans un esprit multilatéral renouvelé, c'est bien maintenant», a déclaré M. Ban devant plus de 120 chefs d'Etat et de gouvernement. «C'est l'heure de replacer le mot ‘‘unies'' dans l'expression ‘‘Nations unies''», a-t-il insisté, appelant les 192 Etats membres de l'ONU à «l'unité d'objectif et l'unité d'action». M. Ban veut orienter cette action conjuguée contre les trois plus grands défis transnationaux actuels : le réchauffement climatique, la prolifération nucléaire et la pauvreté. Peu après, le président américain Barack Obama devait prononcer son premier discours devant l'assemblée depuis sa prise de fonctions en janvier. Plusieurs chefs d'Etat, dont le président Abdelaziz Bouteflika, devaient s'exprimer sur le même sujet hier soir. Aujourd'hui, M. Obama présidera un sommet exceptionnel du Conseil de sécurité sur la non-prolifération et le désarmement nucléaires, avant de partir à Pittsburgh (Pennsylvanie) pour un sommet du G20.