C'est un véritable pavé dans la mare que l'expert international Malek M'barek Serrai a jeté au cours de la table ronde organisée, hier, au forum d'El Moudjahid autour de l'investissement en Algérie, en révélant que nombre de dossiers d'investissement présentés par des hommes d'affaires d'origine arabe à l'administration algérienne se sont retrouvés à …Paris chez des concurrents français. M. Serrai n'a pas hésité à dénoncer certaines pratiques exercées par des groupes d'intérêt étrangers, et qui ont pour but de ternir la destination algérienne aux investisseurs arabes. Pourtant, "l'Algérie est considérée comme un pays stratégique pour l'investissement arabe", a-t-il estimé. L'intervenant a parlé de l'évolution et de l'intérêt que portent les investisseurs arabes au marché algérien en déclarant que "l'argent est dans le Golfe". Encouragés par un code des investissements ouvert, les investisseurs arabes, contrairement aux investisseurs européens beaucoup plus stricts, estiment que le marché algérien est un marché d'avenir. M. Serrai a également parlé de lobbying au sein de l'administration algérienne qui favorise les investissements européens, particulièrement français, aux investissements arabes, en citant des exemples sur des projets d'investissement déposés en Algérie et qui se sont retrouvés à Paris. L'autre intervention qui a marqué cette rencontre, est celle de M. Abdelmadjid Baghdadli, président de l'Agence nationale de développement et de l'investissement, (Andi), qui a annoncé qu'entre 2003 et la fin 2006, près de 7 500 projets d'investissement ont été réalisés avec un montant de 132 milliards de dinars, soit 14 milliards de dollars. Selon M. Baghdadli, "ces investissements ont créé 213 000 emplois directs et permanents". Le président de l'Andi a signalé la résistance au changement et les blocage exercés sur l'investissement, en dénonçant le manque de lisibilité de la politique nationale en matière d'investissement et la faible performance du système financier qui exerce ce blocage au quotidien envers de jeunes promoteurs porteurs d'un projet agrée par l'Ansej ou l'Andi. Il a également parlé des retards accumulés en matière d'infrastructures de base au niveau des différentes régions du pays, qui agissent comme un facteur défavorable à l'investissement et qui freinent la volonté des opérateurs d'investir dans le marché algérien. En outre, les intervenants ont abordé le problème de la diversification de l'économie algérienne qui est principalement basée sur les revenues des hydrocarbures, qui représentent 98% des exportations du pays. Ils estiment qu'une économie diversifiée et libérée aura besoin de la débureaucratisation de l'administration, ce qui mettra fin à certaines pratiques qui flirtent avec la corruption. "Le réaménagement du code des investissements en juillet 2006, a été bien reçu par les investisseurs, mais cela n'est pas suffisant, car il existe actuellement en Algérie 320 000 entreprises dont beaucoup sont des PME, alors qu'on devait être une population de 800 000 à 1000 000 d'entreprises" a annoncé M. Baghdadli. Le refus des banques d'accorder des crédits est considéré par les promoteurs qui ont participé à cette table ronde comme la cause principale du blocage et du développement des PME en Algérie. Selon un expert en finance, une banque qui financera spécialement les PME-PMI devrait être créée pour faciliter la naissance d'entreprises, comme on le voit chez nos voisins.