Le groupe français va se renforcer sur le marché des pneumatiques et concurrencer les gammes chinoises.Michelin a annoncé sa sortie du rouge au premier semestre 2010, avec un résultat net de 503 millions d'euros, et a fixé un objectif de marge élevé pour l'ensemble de 2010. Le groupe avait perdu 119 millions sur les six premiers mois de 2009. La marge opérationnelle du premier semestre 2010 a été élevée à 9,8, le résultat d'exploitation étant multiplié par près de trois à 822 millions d'euros. Le chiffre d'affaires du semestre a progressé de 17%, à 8,349 milliards d'euros, avec des volumes en hausse de 15,3%, le groupe se réjouissant d'une croissance confirmée de la demande en pneumatiques dans toutes les zones. Cette progression a été tirée par les pneus pour poids lourds (+24%) et les véhicules légers et camionnettes (+17%), les activités de spécialités, étant en progression de 4%. Michelin attribue cette performance comme étant supérieure aux attentes et cela grâce à la progression significative des volumes vendus et à la très bonne performance opérationnelle des usines du groupe. Les pneus pour poids lourds sont notamment sortis du rouge avec une marge opérationnelle de 4,0%, contre -7,9% un an plus tôt. "La stratégie mise en place avant la crise et continué pendant cette crise a donné de bons résultats", a résumé le cogérant du groupe Jean-Dominique Senard, d'autant que "Michelin a bien profité de la reprise et du rebond du marché du pneumatique, qui a été extraordinairement fort". Les importantes restructurations menées ces dernières années ont porté leurs fruits, a-t-il ajouté, indiquant que Michelin n'avait "pas de projet particulier" de restructurations nouvelles. Quant à la dette, elle est "sous contrôle", affirme le dirigeant. Le ratio endettement net sur fonds propre est passé de 75% à 53% en un an. Jean-Dominique Senard, le cogérant, s'est dit "assez optimiste pour la suite des événements" et Michelin a légèrement relevé son objectif, prévoyant une croissance des ventes de plus de 10% en volume pour l'ensemble de l'exercice. "De l'ordre de 10 à 12%". Le groupe vise en plus, et cela malgré l'impact attendu des coûts des matières premières, une marge opérationnelle qui pourrait approcher 9%, contre 5,6% en 2009, grâce notamment à une hausse de ses tarifs. Seul problème qui se pose pour le groupe, est l'importante hausse des cours des matières premières qu'il utilise, caoutchouc et pétrole, combiné à la baisse de l'euro. S'il a encore bénéficié d'une plus-value de 40 millions d'euros sur le premier semestre car les achats effectués à bon compte il y a plusieurs mois n'apparaissent que plus tard dans les comptes, la hausse des coûts des matières premières sera beaucoup ressentie au second, avec un effet négatif attendu d'environ 650 millions. " La hausse des cours des matières premières, si elle devait se continuer, ne nous fait pas peur. Nous saurons compenser cette hausse par des hausses des prix des pneus ", a indiqué Jean-Dominique Senard. Observation d'une pression des matières premières Lors de l'assemblée générale du groupe dans son fief de Clermont-Ferrand, le futur numéro un du groupe Michelin a déclaré hier, qu'une incroyable pression pesait actuellement sur que les prix des matières premières. Jean-Dominique Senard a néanmoins confirmé les objectifs du groupe pour le long terme annoncés en octobre, notamment un bénéfice opérationnel avant élément non récurrents sensiblement au-dessus de deux milliards d'euros d'ici 2015. "Cette année, c'est 1,8 milliard d'euros qui pèseront sur nos comptes à cause de la hausse des matières premières. Nous n'avons jamais vécu une pression aussi forte", a-t-il déclaré. "Malgré cela, nous atteindrons un résultat opérationnel en croissance en 2011 et même si la trésorerie sera légèrement négative cette année à cause de cette incroyable pression des matières premières, ce ne sera que temporaire." Michelin a assuré en avril qu'il continuerait à compenser ces surcoûts avec des augmentations de tarifs. S'ils sont retombés de 20-30% par rapport à leurs records de février à cause des retombées du séisme japonais sur la filière automobile, les prix du caoutchouc évoluent toujours à des niveaux très élevés en raison notamment de tensions entre l'offre et la demande. Si les actionnaires votent en ce sens, Jean-Dominique Senard sera appelé à succéder à Michel Rollier, actuel gérant commandité du groupe, après une période de transition.