Michelin déclare ne pas entrevoir de reprise du marché des pneumatiques avant le deuxième semestre de cette année, après avoir publié une marge opérationnelle 2008 en nette baisse, inférieure aux attentes. Le gérant Michel Rollier a également affirmé que le géant mondial du secteur ne serait "pas absent du débat sur la consolidation" attendue dans la filière automobile mais a refusé de dire si ses équipes avaient entamé des négociations pour racheter la branche pneumatique de Continental. Plusieurs opérateurs ont spéculé ces derniers mois sur un rachat de ces activités de l'équipementier allemand, passé fin 2008 sous le contrôle du spécialiste des roulements à bille Schaeffler. Les noms de Michelin, Bridgestone et Pirelli ont été cités comme d'éventuels repreneurs."Schaeffler a besoin de trésorerie et pourrait chercher un acquéreur. Il est évident que Michelin ne sera pas absent du débat sur la consolidation, nous ne pouvons pas en dire plus", a indiqué Michel Rollier, au cours d'une conférence de presse. Devant les journalistes, le dirigeant a répété que Michelin cherchait à se développer sur le segment des pneumatiques uniquement et que le groupe examinerait plusieurs dossiers. Vers 11h10, l'action Michelin gagne 3,99% à 32,19 euros à la Bourse de Paris. Au même moment, le CAC 40 avance de 2,32%. Interrogé sur les perspectives de l'entreprise, Michel Rollier a estimé que le premier trimestre serait très difficile et que la demande pour les produits Bibendum ne repartirait pas véritablement avant le deuxième semestre même si la détente récente des prix des matières premières, caoutchouc naturel en tête, devrait avoir un effet positif dès le deuxième trimestre. Aucune prévision chiffrée n'a été communiquée. Michel Rollier a toutefois assuré que les objectifs principaux du plan stratégique "Horizon 2010", qui fixent une marge opérationnelle et une rentabilité des capitaux employés supérieures à 10%, étaient maintenus si 2010 se présentait comme une "année normale." "Sinon, ça sera un petit plus tard", a-t-il ajouté.Le résultat opérationnel de Michelin s'est établi à 920 millions d'euros l'an dernier, représentant 5,6% des ventes contre 9,8% en 2007. Le résultat net s'est élevé à 360 millions d'euros, en baisse de 53%, pour un chiffre d'affaires de 16,4 milliards d'euros. La dette nette a progressé de 15,1% à 4,27 milliards. Les 13 analystes du consensus Reuters Estimates tablaient en moyenne sur un résultat opérationnel de 1,06 milliard d'euros, un résultat net de 512,2 millions et un chiffre d'affaires de 16,47 milliards. Michelin, qui réalise les trois quarts de ses ventes sur le créneau du remplacement de pneus, a été pénalisé par le ralentissement économique mondial et par la volatilité des prix des matières premières, ce qui a généré un surcoût de 804 millions dans ses comptes annuels, supérieur aux 750 millions prévus. Dividende d'un euro Michelin visait de son côté une marge opérationnelle comprise entre 7% et 7,5% avant éléments exceptionnels. La diminution de la demande l'a néanmoins conduit à modérer à deux reprises cet objectif l'an passé. Ses volumes ont reculé de près de 3% sur la période et de 15,8% sur les trois derniers mois de 2008. Le 22 décembre, Michelin a notifié une réduction de sa production susceptible de se traduire par un impact proche de 150 millions d'euros au quatrième trimestre. Celui-ci est finalement ressorti à 170 millions tandis que sur l'année, le montant passé pour ajuster le dispositif productif a atteint 224 millions. Dans un communiqué, le groupe note que son conseil d'administration proposera le versement d'un dividende d'un euro par action. Michelin devrait réduire ses investissements à 700 millions d'euros cette année, à comparer à 1,27 milliard en 2008. Les effectifs se contracteront mais les dirigeants n'envisagent pas de plan social. Fin 2008, le principal concurrent de Michelin, le japonais Bridgestone, a abaissé de plus de 80% sa prévision de bénéfice net au titre de son exercice 2008-2009 à 12 milliards de yens (103 millions d'euros).