Il n'y avait pas eu de films algériens, -contrairement à l'année dernière où était en lice le très controversé " Hors la loi" de Rachid Bouchareb-, mais il y avait une des coqueluches des algériennes, la Biyouna, nationale devenue depuis, l'an 2000, l'internationale. Beaucoup, ont misé sur elle pour défendre les couleurs nationales, mais à la Croisette comme à la guerre, Hollywood c'est souvent celui qui détient " le nucléaire ".On retiendra la photo de Biyouna, montant les marches rouges, alors qu'avant l'an 2000, elle ne connaissait même pas un pays voisin, comme …la Tunisie, ou le Maroc ! Le cinéma, on le sait, c'est une fontaine de météores, qui de temps en temps devient réelle. Bref, en tout cas la presse européenne qualifie le Palmarès de Cannes 2011 de " cruel et hollywoodien". Dévoilé dimanche soir, le palmarès du 64ème Festival de Cannes a offert la Palme d'Or à The Tree of Life. " Un choix qui semble avant tout récompenser l'extrême ambition du film et qui a au moins le mérite de couronner l'ensemble de la filmographie de Terrence Malick, un des plus précieux cinéastes américains des 40 dernières années. Avec The Tree of Life, c'est l'art du tâtonnement, plutôt que la maîtrise absolue, qui se voit propulsé sur le devant de la scène, ce qui n'est pas un scandale en soi. " disent-ils. Pourtant, pris dans son ensemble, ce palmarès s'avère cruellement insatisfaisant et ne fait pas honneur à la grande qualité de la compétition cannoise 2011. La Biyouna nationale était à l'affiche dès le 21 mai dernier, soit deux jours avant la clôture du festival, distribuée dans " La source des femmes", un film du bulgare établi en France, Radu Mihaileanu, qui fut en compétition. La distribution dans ce long métrage est pratiquement orientale et maghrébine avec Leïla Bekhti, Hiam Abbas, Hafsia Herzi et bien d'autres qui sont les héroïnes du long métrage. Pour les critiques, "La sources des femmes ", est un film qui " malgré toutes ses bonnes intentions, il y circule infiniment moins de cinéma et de politique que dans l'essai documentaire de Panahi. " Le nouveau film de Radu Mihaileanu est un "conte" qui se passe "quelque part au Maghreb", nous est-il dit au début du film. Ce préambule fait figure d'avertissement : le registre n'est pas celui du récit réaliste mais de la fable, et le village dont il est question ici n'a d'autre appartenance que le cinéma. D'ailleurs, il est peuplé de visages familiers, ce village perdu dans un paysage aride, des visages vus chez d'autres cinéastes, sur d'autres territoires. En tout cas, on y découvre, -et cela peut se voir sur la bande d'annonce-, une Biyouna loufoque, vaguant sur un âne, un portable à la main, cherchant le " réseau ". Les européens, pas très contents Il y a eu quatre films français et le grand gagnant de cette compétition, c'est Jean Dujardin. En culture comme en politique, la France de Sarkozi rivalise avec celle d'Obama. La France repart avec un trophée pour l'acteur, Jean Dujardin, prix d'interprétation masculine pour son rôle dans " The Artist ", de Michel Hazanavicius, un rôle muet qui joue à plein sur les performances zygomatiques du comédien. ça ne lui suffit pas, cette ambitieuse France réputée pour son cinéma en déclin, ses classiques merveilleux. Jean Dujardin a joué dans un film, tourné " à Los Angeles et situé dans le Hollywood des années 1920. ". Cependant selon toujours la presse française, " ce film ne pouvait que flatter la frange américaine du jury. Les frères Weinstein, futurs distributeurs du film, ont d'ailleurs déjà envisagé d'en faire un sérieux candidat à la course aux Oscars 2012. " Selon toujours la presse d'Outre-mer, les films audacieux présentés en compétition, il y aurait " Pater " d'Alain Cavalier, " Habemus Papam " de Nanni Moretti ou " Le Havre " d'Aki Kaurismaki. Des œuvres certes réalisées par des cinéastes expérimentés et bien connus mais qui posaient un regard moderne sur le monde, explorant rapports de pouvoir et principes d'incertitude au moyen d'une forme aussi réjouissante que tournée vers l'extérieur. Visiblement peu séduit par ces trois propositions européennes, le jury a préféré récompenser l'énergie fonceuse des frères Dardenne et de Maïwenn. En offrant le Grand Prix au Gamin au vélo, le Festival de Cannes continue ainsi d'encourager un cinéma du mouvement permanent, bien que celui-ci commence à faire du surplace. Assez fatigante dans ses procédés, la dernière réalisation des frères Dardenne ne constitue pas un très excitant Grand Prix, d'autant que les deux belges bi-palmés ont dû partager cette récompense avec Il était une fois en Anatolie, oeuvre d'un autre cinéaste en perte de vitesse, le turc Nuri Bilge Ceylan. Quant au prix du jury remis au Polisse de l'actrice-réalisatrice Maïwenn, il salue un film aussi hyperactif que racoleur, qui derrière ses apparences de cinéma-vérité ne fait que surfer sur un sensationnalisme bon teint. Pas contente la France qui a participé avec quatre films et a récolté seulement un prix pour jean Dujardin !