Visé quotidiennement par des raids nocturnes de l'Otan, le secteur de la résidence du leader libyen, Mouammar Kadhafi a été secoué, hier matin, par une puissante explosion.Le raid aurait visé une caserne de la garde populaire, à proximité de la résidence. La détonation a retenti à 08h00, et peu après, une colonne de fumée blanche s'est élevée au dessus du quartier. L'Otan qui cible Tripoli quotidiennement par des raids nocturnes et cela depuis quatre jours, avait affirmé qu'elle visait un entrepôt de véhicules militaires. Le régime libyen a déclaré qu'il n'était "pas concerné" par les décisions annoncées au Sommet du G8 en France et a rejeté la médiation proposée par Moscou pour sortir le pays d'un conflit qui a fait en plus de trois mois des milliers de morts. Cette semaine on pourrait entrer dans "une nouvelle phase" militaire avec le déploiement d'hélicoptères d'attaque britanniques aux côtés des français. L'objectif de l'Otan est d'empêcher la population de circuler dans la ville de Misrata, et cela après avoir accusé les forces pro-Kadhafi d'avoir posé un champ de mine autour. M. Kadhafi a perdu un allié de poids, la Russie de Dmitri Medvedev qui s'est alignée sur la position des Occidentaux pour réclamer son départ. "Le monde ne le considère plus comme le leader libyen", a dit M. Medvedev dont le pays refusait jusqu'alors de soutenir les appels, américain et français à son départ et s'était abstenu lors du vote à l'ONU de la résolution 1973 autorisant des frappes internationales contre Tripoli. A Tripoli, le changement de cap russe a été minimisé par le vice-ministre aux Affaires étrangères, Lors d'une conférence de presse, M. Khaled Kaaim a déclaré "le G8 est un Sommet économique. Nous ne sommes pas concernés par ses décisions", en soulignant avoir appris le changement de la position russe dans la presse. "Nous n'avons pas été informés officiellement. Nous sommes en train de contacter le gouvernement russe pour vérifier les informations rapportées par la presse". Il a rejeté dans le même temps une éventuelle médiation de Moscou, affirmant que Tripoli n'"acceptera aucune médiation qui marginalise le plan de paix de l'Union africaine (...) Toute initiative en dehors du cadre de l'UA sera rejetée". L'Otan a intensifié depuis quelques jours ses raids aériens sur la capitale libyenne Tripoli, où cinq puissantes explosions ont de nouveau secoué, jeudi dernier, le secteur de la résidence de M. Kadhafi. Il veut accélérer les opérations militaires en se rapprochant du sol. L'AMPLEUR DES DEGATS Le régime Kadhafi, en proie à une révolte sans précédent depuis le 15 février, est sous le feu depuis le 19 mars des raids d'une coalition internationale intervenue pour assurer la protection des civils. La révolte a contraint près de 750 000 personnes à fuir, selon l'ONU, et fait des milliers de morts selon le procureur de la Cour pénale internationale.