Les intervenants aux travaux du Colloque national de la Gendarmerie nationale sur "les défis et dangers des accidents de la circulation et la recherche des moyens de sécuriser le transport terrestre de voyageurs et de marchandises", ont affirmé, avant hier, la nécessité de mettre en place des mesures urgentes d'organisation du transport terrestre de voyageurs et de marchandises à l'origine de 40,55 % de décès en 2010 dans des accidents de la route. Le chef de département de la sécurité routière, le lieutenant-colonel Ahmed Lejnef du Commandement de la Gendarmerie nationale, a appelé, dans son intervention, sur le phénomène des accidents de la route et l'implication des moyens de transport terrestre de marchandises et de voyageurs, à prendre des mesures concrètes pour mettre fin à ces accidents causés par ce type de véhicules. L'intervenant a aussi appelé "tous les intervenants dans la sécurité routière à la mise en place des arrangements conformes pour l'aménagement des chrono-tachigraphes (mouchards) à bord des moyens de transport de voyageurs et de marchandises" pour améliorer le contrôle routier et les conditions de travail des conducteurs. Le lieutenant-colonel Lejnef a précisé que les moyens de transport collectif de voyageurs et de marchandises doivent être équipés de cet outil qui permet de mesurer, notamment la vitesse du véhicule et la distance franchie. Il a ajouté qu'il s'agit des véhicules dont la charge dépasse les 3,5 tonnes et les bus d'une capacité de plus de 9 personnes. Les conducteurs de ces deux types de transport, a-t-il souligné, doivent être détenteurs de cartes spéciales qui permettent aux agents habilités, au conducteur, à l'employeur et à l'instance de contrôle du chrono-tachigraphe, de prendre connaissance des données enregistrées. Il a, d'autre part, plaidé pour l'installation de radars sur les routes pour détecter les véhicules qui dépassent les charges autorisées et qui forment un danger pour la sécurité routière, pour le conducteur et pour le trafic routier. Le responsable a, dans ce sens, rappelé la création d'un centre de renseignement et de coordination du trafic routier qui permet la collecte et le traitement des informations sur la circulation routière et leur diffusion au profit des usagers de la route, grâce à un réseau de caméras de surveillance routière et aux unités déployées à travers le réseau routier. Il a, en outre, insisté sur la nécessité d'assurer aux éléments de la Gendarmerie nationale une formation spécialisée dans le constat des accidents de la route, en vue de progresser la qualité des enquêtes et de définir nettement les responsabilités, outre la participation des hélicoptères au contrôle du réseau routier et la création d'un centre de contrôle des véhicules au niveau de l'Institut national de criminalistique et de criminologie. Il a également appelé à la création d'un office national interministériel pour la gestion de la sécurité routière et la diversification des moyens de transport en vue de désengorger le trafic routier. Par ailleurs, Le lieutenant-colonel Ahmed Lejnef a accentué son intervention sur l'importance de promulguer des textes réglementaires sur les chrono-tachigraphes et d'intensifier les campagnes médiatiques sur cet outil, avant sa mise en œuvre et l'introduction de l'éducation routière dans les programmes d'enseignement. Pour sa part, le directeur général du Centre national de prévention et de sécurité routière (CNPSR), El-Hachemi Boutalbi, a souligné, lors d'une communication, le rôle de la formation spécialisée des conducteurs professionnels dans la prévention routière et le transport public des personnes et des marchandises, au vu de l'importance de ce mode de transport urbain, qui représente 13,29% des véhicules du parc national. Il a ajouté que les véhicules de transport de marchandises ont été à l'origine de 4149 accidents de la circulation (12,62 %) durant l'année dernière (2010). Les véhicules de transport des personnes ont causé 1476 accidents de la circulation durant la même période (4,49 %). Dans ce sens, M. Boutalbi a ajouté que les pays, qui ont assuré une formation aux conducteurs professionnels, ont obtenu des résultats probants en matière de sécurité routière. Les accidents causés par ces véhicules engendrent d'importantes pertes humaines et matérielles, a-t-il précisé, appelant à développer la formation, en général, et la formation spécialisée, en particulier en vue de renforcer les mesures de sécurité routière. Pour sa part, le représentant de la Direction générale de la Sûreté nationale (DGSN), M. Mohamed Tatachek, a précisé que l'expansion urbaine à l'échelle nationale a augmenté la demande en matière de transport de personnes, indiquant que les plans de transport et infrastructures sont en deçà des normes de prévention et de sécurité pour les usagers. Les efforts actuels requièrent l'élaboration d'une approche globale où les prérogatives des structures de l'Etat doivent compléter les initiatives de la société civile et la contribution du secteur privé, a-t-il estimé. Il a, dans ce sens, relevé que le traitement de cette question se limitant à la mise en place d'une série de mesures sectorielles "ne donne pas les résultats escomptés", la sécurité routière étant avant tout synonyme de "volonté politique, de mécanismes, de réglementation institutionnelle, de plans judicieux et de moyens suffisants", a-t-il souligné. Lors du débat, les intervenants ont souligné que la promulgation de textes organisationnels des lois sur la circulation routière s'impose. Pour sa part, le vice-président de l'Organisation nationale des transporteurs algériens (ONTA), M. Lakhdar Nazim Kharchi, a insisté sur la nécessité de la mise en oeuvre des textes de loi 13-01 relative au transport terrestre et 14-01 relative à la circulation portant sur les dispositions relatives à la circulation, le transport et la sécurité routière. "Le problème ne réside pas dans le texte législatif mais plutôt dans la mise en oeuvre de ces textes", a-t-il indiqué, ajoutant que des textes organisationnels promulgués dans des décrets exécutifs n'ont pas encore été mis en application, dont le décret exécutif 416-04 relatif aux plans de transport et le décret 263-03 relatif à la création du Conseil national de transport terrestre, qui regroupe tous les partenaires et se réunit deux fois par an pour soumettre ses recommandations au ministère. Dans ce sens, M. Kharchi s'est interrogé sur la non promulgation de certains décrets exécutifs à l'instar de celui définissant les procédés de l'élaboration du plan de la circulation routière portant sur l'organisation du trafic routier terrestre et celui définissant la méthode de formation du conducteur professionnel. L'ouverture de ce colloque d'une journée a été présidée par le Général Halab Ismail, au Commandement de la Gendarmerie nationale.