Cela fait une année que Cetelem Algérie est opérationnelle. C'est une banque spécialisée dans le crédit à la consommation ; le crédit automobile et le crédit pour les biens d'équipement. " Nous avons traité plus de 25 000 dossiers depuis le démarrage ", détaille Loïc Le Pichoux, directeur général de Cetelem Algérie. Cetelem Algérie a financé jusqu'à ce jour 25 000 crédits répartis à parts égales entre le crédit automobile et le crédit à la consommation englobant les produits électroménagers, l'achat de meubles et les produits informatiques. Avec un niveau d'impayés jugé très faible, soit seulement 2%, Loïc Le Pichou estime que le marché algérien n'est pas encore à inscrire sur le tableau du surendettement. Cetelem a d'abord recherché des partenaires. " Dans l'automobile, c'était assez facile, car le réseau de distributeurs est très organisé ", commente le dirigeant. " Pour les biens d'équipement, nous avons fait un peu de prospection, regardé les magasins qui avaient des prix affichés, présentaient des factures, avaient un service après-vente ". Comment, par ailleurs, évaluer le revenu des emprunteurs dans une situation où l'informel est encore roi, sachant que Cetelem n'impose pas l'ouverture d'un compte ? " Nous n'accordons des crédits qu'à ceux qui ont des revenus officiels. De plus, outre les rentrées budgétaires, nous analysons précisément les charges récurrentes qui pèsent sur l'emprunteur, car elles influent considérablement sur sa capacité de remboursement ", précise le directeur général de Cetelem Algérie. Pour les remboursements, muni d'une "carte contact Cetelem", le client doit aller payer ses mensualités dans un bureau de poste, avec lequel nous avons un accord. Notons que le prélèvement interbancaire n'existe pas en Algérie. Cetelem n'a pas pu appliquer en Algérie les mêmes méthodes qu'en Europe. Les spécialistes estiment qu'il y a deux raisons principales à cela : l'impossibilité de prélever directement les mensualités sur le compte bancaire du crédit et l'obtention d'informations financières sur le demandeur du crédit. En France, Cetelem a accès à la centrale des impayés de la Banque de France pour vérifier les incidents de paiements et les interdits de chéquiers. Elle peut prélever directement les mensualités de paiement sur le compte bancaire du client. Le crédit à la consommation évolue à un rythme effréné quand il s'agit de l'acquisition d'électroménager, de voiture et de biens d'équipement en général. Les ménages, surtout moyens, perdent leur esprit de rationalité en adoptant des attitudes extrêmement optimistes par rapport à leur capacité de remboursement du crédit Il est vrai que le consommateur reste libre de sa décision de contracter un crédit, mais comment se projette-t-il dans le futur ? Comment projette-t-il son revenu ? Comment estime-t-il sa capacité de remboursement ? On est déjà dans un scénario de surendettement des ménages, puisque les emprunteurs procèdent à un transfert d'une grande partie de leurs dépenses sur le remboursement du crédit.. Le citoyen possédera une voiture qui va engendrer à son tour des dépenses supplémentaires, donc, sa structure de dépense sera complètement déformée. Ce qu'il donnait pour subvenir aux besoins de sa famille, il va le transférer vers la voiture. Dans un tel cas, l'irrationnel prend le dessus pour assouvir un besoin qui risque d'absorber des dépenses destinées au départ à des besoins essentiels. Le taux d'intérêt appliqué par les banques dans le financement des crédits à la consommation oscillant entre 6,5 et 9% est jugé trop élevé, sauf par les banquiers qui estiment qu'il est juste et équilibré. Pour Loïc Le Pichou, la notion de taux d'intérêt est importante, mais elle est à relativiser avec le montant de l'achat et la durée de remboursement. L'évaluation du marché se dirige vers plus d'offre et plus d'ouverture, probablement même proposer un crédit pour acheter plusieurs biens. Peut-être qu'avec la concurrence y aura-t-il des prix plus intéressants. D'ailleurs, en termes d'offre, Cetelem compte introduire l'offre par Internet : " Nous travaillons au lancement cette année de nos offres de crédit par Internet. " Certains commencent déjà à s'inquiéter des risques de surendettement des ménages. La réponse de Loïc Le Pichoux fuse : " On en est très loin. L'offre reste beaucoup plus importante que la demande. Aujourd'hui, le risque réside davantage dans l'endettement familial. " Ce n'est donc que le début de l'aventure. Cetelem doit être un peu plus attentive à la situation financière de ses clients, et aux conditions d'accès au crédit. Le groupe Société Générale a d'ailleurs déclaré, il y a quelques jours, attendre l'agrément de la Banque d'Algérie pour installer officiellement une nouvelle filiale dédiée au crédit à la consommation. Elle devrait être baptisée Crédal (crédit d'Algérie).