Après les mesures annoncées en faveur des travailleurs bénéficiant des augmentations salariales, l'Etat a commencé à mettre en application ses engagements en consacrant des enveloppes conséquentes dans la loi de finances complémentaire 2011.Le ministre des Finances, Karim Djoudi, a détaillé ainsi les dépenses relatives à ce dossier, soulignant que plus de 1600 milliards de dinars seront déboursés uniquement pour la revalorisation des salaires.L'opération, a-t-il précisé, hier sur les ondes de la Chaîne III de la Radio nationale, a déjà commencé. " En 2010 nous avons consacré 850 milliards de dinars pour payer les augmentations salariales et pour la fin de cet exercice, il est prévue un montant de 550 milliards de dinars, et le reste, c'est-à-dire 300 milliards de dinars seront payés en 2012 ", a déclaré Karim Djoudi qui a tenu à rappeler le fondement de la politique sociale du gouvernement pour le soutien du pouvoir d'achat des travailleurs. Mais le coût des ces revalorisations, dont certaines sont réglées avec effet rétroactif, de janvier 2008, est très lourd. Ce qui n'est pas sans conséquence sur l'équilibre des dépenses qui enregistre un déficit de plus de 4 000 milliards de dinars, soit 30 % du PIB, résultat des augmentations salariales et aussi du soutien aux prix de certains produits de large consommation dont la liste comprend désormais le blé dur et tendre, le lait, le sucre et l'huile. Un soutien qui a été dicté en partie par les fluctuations des prix de ces produits sur les marchés internationaux, d'où la décision du gouvernement de constituer des stocks de sécurité. Karim Djoudi, en sa qualité de premier argentier du pays, ne s'alarme pas pour autant affirmant que ce n'est pas la première fois qu'un déficit est enregistré. Ce qui est sûr, en tout cas de l'avis du ministre des Finances " le recours au fonds de régulation pour combler ce déficit est exclu". En revanche cette année c'est la fiscalité non pétrolière, qui a enregistré une évolution de "20% ", qui prendra en charge cette différence. Le niveau des recettes du fonds de régulation sont importante et Karim Djoudi avance le chiffre de " 4 400 milliards de dinars en 2010 qui passeront à 4 800 milliards en 2011 grâce au prix élevés du baril de pétrole ". Par ailleurs, Karim Djoudi a souligné " qu'il n'y aura pas de retour du crédit à la consommation car d'un côté il y'a risque de surendettement des ménages et par ailleurs le crédit doit obéir, un intérêt économique, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui ", précise-t-il, ajoutant que le crédit à la consommation a profité aux produits importés notamment le véhicule qui représentait " 90% des montants des crédits alloués ". Pour que ce crédit soit autorisé une nouvelle fois, le ministre des Finances le conditionne par la mise en place d'un outil de production nationale qui puisse répondre aux besoins locaux. Autre question abordée par le ministre est le soutien aux entreprises publiques pour lesquelles une enveloppe de " 500 milliards de dinars a été allouée dont 200 milliards au titre de rachat de la dette de Sonelgaz ". Le secteur privé n'est pas oublié, a tenu à précisé Karim Djoudi qui a mis en avant une série de propositions comme le rééchelonnement de la dette des entreprises en difficulté ou encore accorder des crédits à des taux bonifiés. Interrogé sur les crédits accordés aux jeunes dans le cadre de l'Ansej et le risque de voir ces projets ne pas aboutir, le ministre des Finances a souligné qu'il est " difficile de dire que tous les projets ne sont pas solvables et il est difficile aussi de rester sans rien faire ". Néanmoins le risque est là, et si on se fie au taux de non payement annoncé par Karim Djoudi, il est de " 30% ".