Said Hilmi, tout le monde connait, pour son humour jaune, son côté guimauve, et surtout puéril lorsqu'il est mal dirigé dans un film ou un feuilleton. Il a beaucoup travaillé avec on frère Mohamed qui lui donnait, à une certaine époque, les meilleurs rôles mais pas forcément bien rendus. 2011, le comédien, qui n'a pas changé sa manière de faire d'un iota, ose une immersion dans le monde de l'écriture.Attention, ce n'est pas pour autant qu'il est écrivain, d'autant que tout le monde, par les temps qui courent peu écrire et se faire publier. Le tout c'est de distinguer le bon grain de l'ivraie.Il vient de signer "Plume en délire " aux éditions Dalimen, et de peur sans doute de déplaire, il avertit d'emblée son public, "Je ne suis pas écrivain". Sorti fin mai, " Plume en délire" est une compilation de chose vu ou vécues, dans le domaine de l'art qu'il affectionne, depuis qu'il était tout gamin et jusqu'à un âge, (72 ans) où on peut devenir, plusieurs fois grand père. "A un moment, précise- t-il, je m'adresse dans le livre à tous les romanciers algériens vivants ou disparus, tels Rachid Mimouni, Mohammed Dib, Rachid Boudjedra, Mouloud Feraoun, Mouloud Mammeri… et je leur dis : je ne peux vous citer tous. Veuillez m'excuser d'agresser votre honorable métier. Je ne suis pas romancier, je ne suis pas écrivain, je ne suis que votre fervent lecteur. J'en appelle donc à votre noblesse, à la sagesse de vos lettres, peut-être je serais alors pardonné d'avoir osé." Une déclaration qui sonne comme, une demande d'indulgence, à tous ceux qui liront ce récit d'une vie pleine et riche d'expérience. à chaque rencontre avec le monde de la presse ou celui de l'art, Himli, Said Hilmi, au lieu de parler de son ouvrage, il se justifie : "Je suis l'unique voleur que l'Etat n'a pas arrêté. Un voleur de lettres (de belles lettres) et de stylos. J'espère qu'ils vont me donner le temps d'en dérober encore." et de poursuivre toujours en se justifiant avec dérision "La faculté de la rue, quand on fait attention, c'est comme une bibliothèque. C'est un temple du savoir", lance-t-il. " Alors, prenez-en de la graine amis lecteurs, cet ouvrage est riche de leçons, d'enseignements, d'amour et de tendresse. " prévient-il encore. Quel humour jaune ! Quelle audace pour quelqu'un qui a peur de déplaire, mais qui " ose " prendre sa plume, non pas pour tout raconter, mais dans la plupart des cas, pour rendre hommage à tout ceux qui l'ont ému. Sorti aux éditions Dalimen, "Plume en délire", "n'aurait jamais été écrit sans l'œil vigilant et l'aide précieux de ma fille Ryma " précise- t-il. Livre donc écrit avec quatre mains, "Plume en délire", est un faisceau de témoignages soutenu par une forêt de photos où l'on découvre, l'acteur dans la plupart des costumes qu'il a endossé pendant sa carrière aux côtés de ses compères. Hilmi, y a mis son enfance dans le Azzefoun, contrée des poètes, la Casbah mythique ou le terreau de sécurité pour tout les indigents qui venaient prêter leurs mains laborieuses à la capitale assiégée par le colonisateur, ses débuts dans l'univers artistique, bref…. "Plume en délire", ce sont les souvenirs surtout heureux, du petit et du grand Hilmi qui a fait ses apprentissages dans le tas et avec Bachtarzi, le formateur, le recruteur, le maitre absolue de tous les arts, à une époque où l'Algérie comptait 89 pour cent d'illettrés. Plume en délire ou délire d'hommages Nourri- aux mamelles de l'ex parti unique, Said Hilmi, rend également hommage à certains martyrs de la Révolution, ainsi qu'à une pléiade d'artistes, issus de l'ancienne génération. Dans ce livre surtout anecdotique, on trouve également une lettre inédite du regretté poète, homme de radio et ex -ambassadeur à Cuba, Djamel Amrani. Fausse prétention, Said Hilmi dit qu'il vient "d'une planète qui s'appelle la planète du savoir." Il le prouve en brandissant, une anecdote sur sa rencontre avec Mostefa Lacheraf. Des hommages, des noms connus sont mis à contribution comme pour faire relever la mayonnaise. Et d'ailleurs c'est le bédéiste Slim qui a paraphé la préface de cet ouvrage assez léger. En revanche, pas de confidences succulentes dans ce livre, et dieu seul sait, combien le monde des arts qu'il affectionne depuis plus d'un demi-siècle regorge, de récits tonitruants. à 72 ans, Said Hilmi se met à écrire et ça a duré trois ans avant la sortie de son unique et seul ouvrage. "Nous avons tous pris et assumé nos responsabilités, on n'attend pas qu'on nous sollicite", rappelle Saïd Hilmi au sujet de tous sse amis artistes auxquels il rend ici un trop plein d'hommage. "Non, il s'agit plutôt de l'histoire d'une vie, avec beaucoup d'éléments autobiographiques", explique Saïd Hilmi sur un ton sérieux. "Toute qu'elle soit vite triste ou pas est belle " déclare t-il. Hommages, témoignages sur une tranche de vie de ceux qui ont croisé sa route comme Hadj M'hamed El-Anka, Slimane Azem, Rouiched… "Plume en délire" de Said Hilmi, Editions Dalimen, 176 pages, prix public, 1.500 DA.