L'épuisement des ressources énergétiques fossiles tend à imposer la nécessité de se préparer à la transition énergétique. A l'image de bon nombre de pays, l'Algérie s'est lancée dans un programme ambitieux de promotion des énergies alternatives, qu'elles soient solaire, éolienne ou nucléaire, l'Algérie explore toutes les pistes à même de garantir sa sécurité énergétique bien au-delà de l'épuisement de ses ressources fossiles (pétrole et gaz), d'autant plus que notre pays dispose d'atouts pouvant lui permettre d'être un acteur incontournable sur la scène énergétique mondiale. Si le potentiel solaire algérien n'est plus à démonter, l'Algérie nourrit des ambitions pour ce qui est de l'exploitation de l'énergie nucléaire à des fins pacifiques et souhaite se doter d'une première centrale d'ici une dizaine d'années. Néanmoins, les batailles pour l'énergie du futur semblent avoir déjà commencé. Et c'est dans ce contexte que l'Algérie s'est trouvée confrontée à des accusations et des supputations sans fondement à propos de son programme nucléaire. Dans son ouvrage "Le marché noir de la bombe", Bruno Tertrais, maître de recherches à la Fondation pour la Recherche Stratégique, a laissé entendre que l'Algérie à quelque chose à cacher. "Mais les caractéristiques de son programme, son soutien ouvert à l'Iran et son refus de souscrire au Protocole additionnel de vérification de l'AIEA, attisent les soupçons et ne peuvent que conduire à la conclusion que l'Algérie doit être classée dans les pays "à risque" du point de vue de la prolifération", a écrit Bruno Tertrais. Accusations auxquelles le ministre de l'Energie et des Mines, M. Chakib Khelil, a tenu à répondre, jeudi, que l'Algérie n'a rien cacher et que notre pays a émis à l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) son souhait de signer le protocole additionnel au Traité de non prolifération des armes nucléaires qu'elle avait déjà signé auparavant en indiquant que le pays "est en train de mettre en place les mesures qui lui permettraient de signer ce protocole additionnel". Il a souligné à ce propos que "l'Algérie est soumise à toutes les inspections de l'AIEA. Donc, tout le monde sait que nous sommes transparents et ouverts à toutes ces inspections. Ce qui n'est pas le cas, peut être, de beaucoup de pays qui s'érigent en juges des autres". Le ministre a, par ailleurs, fait savoir que l'avant-projet de loi sur le nucléaire sera soumis dans les prochaines semaines au gouvernement pour examen. Le texte, dont l'élaboration a été déjà achevée par les services de son ministère, prévoit notamment la création d'une agence de sûreté et de sécurité nucléaires devant disposer des moyens financiers nécessaires à l'application du programme nucléaire civil, rappelle-t-on. Séparée de l'entité chargée de la recherche dans ce domaine, l'agence aura également comme mission de fixer les modalités d'obtention des permis de création de centrales nucléaires et d'assurer l'application de la réglementation et des normes en la matière. Le projet de loi prévoit aussi, selon le ministre, la création d'une société de recherche, d'application et de promotion pacifique de l'énergie nucléaire. Le ministre de l'Energie et des Mines a également fait savoir que les réserves prouvées de l'Algérie en uranium avoisinent les 29 000 tonnes, précisant que ces quantités sont "insuffisantes" pour développer le programme national de production de l'énergie nucléaire à des fins pacifiques. "Actuellement, nous disposons d'environ 29 000 tonnes de réserves prouvées d'uranium qui peuvent être exploitées" dans la production de l'énergie nucléaire, a déclaré M. Khelil. "Ces quantités permettront de faire fonctionner seulement deux centrales nucléaires d'une capacité de 1.000 Mégawats chacune et pour une durée de 60 ans", a-t-il précisé. D'où la nécessité "d'augmenter ces réserves en lançant un programme de prospection afin de découvrir et de développer d'autres réserves". Notons, dans ce sens, que l'Agence nationale du patrimoine minier (ANPM) a lancé un premier appel à manifestation d'intérêt pour les huit sites d'uranium situés dans la wilaya de Tamanrasset. Il faut dire que l'Algérie cherche à connaître avec exactitude les capacités de ses gisements d'uranium et préparer leur exploitation en prévision du lancement d'un programme de construction de centrales nucléaires civiles pour la production d'électricité. L'objectif est de tirer le meilleur parti de ces ressources dans un contexte minier très strict sur un marché mondial dominé par un faible nombre de producteurs. Ce développement ne peut avoir lieu que sous forme de développement intégré de l'ensemble du secteur nucléaire et de ses applications de principe - le dessalement de l'eau de mer, l'industrie, l'agriculture, la médecine et, surtout, la génération électrique nucléaire. Il est vrai qu'une première centrale nucléaire en Algérie est projetée pour 2020. Samira G.