En repassant nettement dans le vert, fin de la semaine dernière, les marchés d'actions ont accueilli favorablement la décision des ministres des Finances de l'UE d'oxygéner l'économie grecque, asphyxiée par une crise financière sans précédent, en débloquant une première tranche de 8,7 milliards d'euros. Pour de nombreux experts, la zone euro, passe dans une zone de fortes turbulences avec la crise financière grecque, a gagné un peu de répit, mais doit faire plus pour écarter tout danger de contamination aux autres économies de la zone, notamment l'Espagne et le Portugal. Les argentiers de la zone euro doivent en fait sauver durablement la Grèce de la faillite financière, et rassurer pleinement les marchés pour endiguer une contagion qui pourrait être planétaire. En donnant leur feu vert au versement de 8,7 milliards d'euros de prêts, qui doivent aider Athènes à rembourser sa dette à partir de mi-juillet, les ministres des Finances de la zone euro n'ont fait que repousser les problèmes. Dès le mois de septembre se posera la question du déblocage d'une nouvelle tranche de l'aide promise en mai 2010 à Athènes, dans le cadre d'un plan de sauvetage international de 110 milliards d'euros. Mais avec cette éventualité d'une ''guéguerre'', si le pays n'a pas tenu ses objectifs budgétaires, avec les experts européens et du Fonds monétaire international (FMI). Les deux mois de répit doivent permettre aussi d'avancer sur un deuxième plan de sauvetage à plus long terme censé mettre la Grèce à l'abri des marchés jusque fin 2014. Les grandes lignes étaient espérées en juillet, mais risquent de se faire attendre. Si l'Eurogroupe a indiqué que les modalités seraient déterminées "dans les prochaines semaines", le ministre allemand des Finances Wolfgang Schoeble, qui veut des garanties qu'Athènes tient ses promesses, a évoqué un accord seulement d'ici l'automne. La facture de ce deuxième programme devrait approcher celle du premier plan, le principal point d'interrogation étant la contribution des banques et autres créanciers privés d'Athènes. Berlin, qui exige une participation de leur part, a convaincu ses partenaires européens. Et une partie au moins du secteur financier semble d'accord. Une proposition française, envisageant un "roulement" sur 30 ans de 70% de la dette grecque arrivant à échéance d'ici fin 2014, ou sur 5 ans à hauteur de 90%, sert de base aux discussions. Mais le diable est dans les détails: l'opération ne doit pas être assimilée à un défaut de paiement d'Athènes. Des contacts ont été noués pour s'en assurer avec les agences de notation. En attendant, "l'incapacité des dirigeants politiques européens à régler la crise rapidement et de manière décidée frappe le reste" de la zone euro, déplore Ben May, économiste chez Capital Economics. L'Irlande et le Portugal, qui ont aussi eu besoin d'aide mais doivent revenir emprunter sur les marchés en 2013, "pourraient avoir besoin d'un deuxième plan de sauvetage l'année prochaine", juge l'économiste. Parallèlement, "l'Espagne et peut-être l'Italie pourraient se retrouver sous une forte pression pour demander une assistance financière". Dans une nouvelle tentative pour rassurer les marchés, Lisbonne et Rome viennent d'annoncer de nouvelles mesures pour réduire leur déficit. "Si la Grèce tombe encore plus profondément en récession suite aux nouvelles mesures d'austérité, cela pourrait réduire la volonté des gouvernements à mettre en oeuvre des mesures budgétaires additionnelles", prévient Ben May. Pour le ministre polonais des Finances Jacek Rostowski, dont le pays vient de prendre la présidence de l'UE, il faut "changer la philosophie" des plans de sauvetage européen, trop focalisés sur la réduction de l'endettement et pas assez sur la relance de l'économie.