«Il Cavaliere» se trouve sur la corde raide avant d'affronter aujourd'hui l'épreuve du «vote de confiance» du parlement dont l'issue, en cas de vote négatif, contraindra le chef du gouvernement à démissionner Le chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi a tendu la main hier à tous les centristes et «modérés», y compris en tentant de diviser les rangs de son ex-allié Gianfranco Fini, à la veille d'un vote de confiance décisif au Parlement. «Il faut reconstruire l'alliance de toutes les forces modérées», a déclaré M.Berlusconi, au Sénat, en offrant «un pacte de législature» à ses ex-alliés de Futur et Liberté pour l'Italie (FLI), nouveau parti créé par Gianfranco Fini, et aux centristes de l'UDC, qu'il a cités nommément dans son discours. Souriant et sûr de lui, le Cavaliere, entré en politique en 1994, a proposé de les associer au programme des deux dernières années de son mandat d'ici 2013 en promettant de «renforcer l'équipe gouvernementale», dans un discours au ton conciliant et modéré. M.Fini, allié depuis 16 ans de Berlusconi, a quitté cet été le Peuple de la liberté (PDL), parti qu'ils avaient cofondé un an plus tôt et que M.Fini jugeait trop assujetti au magnat et trop coulant sur des soupçons de corruption. M.Fini, président de la Chambre des députés, a retiré ses fidèles du gouvernement le 15 novembre. L'UDC de Pierferdinando Casini, également partenaire de gouvernements Berlusconi (1994/1995 et 2001/2006) a pris ses distances du magnat et fait campagne en 2008 séparément de la coalition entre PDL-Ligue du nord, arrivée victorieuse aux législatives. M.Casini a répondu hier à l'offre de Berlusconi en l'appelant à présenter sa démission juste avant le vote décisif de deux motions de censure - une de l'opposition de gauche et une de l'UDC et du FLI de M. Fini - à la Chambre des députés aujourd'hui à midi, qui fera suite au vote prévu d'une motion de soutien au gouvernement au Sénat. «S'il a vraiment à coeur la réunification des centristes», Berlusconi devrait démissionner plutôt qu'aller «vers un gouvernement à l'aveuglette bénéficiant seulement d'une voix de majorité», a indiqué M.Casini. La possibilité d'une démission a été écartée par le porte-parole du Cavaliere, Paolo Bonaiuti qui a affirmé que le gouvernement «obtiendra la confiance au Sénat et à la Chambre». Au Sénat, le PDL et son partenaire de droite Ligue du nord (populiste et anti-immigrés) disposent d'une majorité plutôt solide même sans les 10 sénateurs FLI. A la Chambre, M.Fini et 35 députés qui l'ont suivi dans sa rébellion se sont engagés à mettre en minorité M.Berlusconi en votant la motion des centristes. Dans son discours au Sénat, Berlusconi a mis en garde les parlementaires qui projetteraient de «trahir le mandat reçu des électeurs», dans une allusion aux «finiens». «Ouvrir une crise gouvernementale sans solution prévisible serait une folie politique», a-t-il averti. Dans un contexte de tensions sur les marchés, «l'Italie a besoin de tout sauf d'une crise avec saut dans l'inconnu», a argué M.Berlusconi. Même si, selon lui, grâce à la politique gouvernementale de «discipline budgétaire», l'Italie «ne fait plus partie des problèmes de la zone euro». Les pronostics du scrutin d'aujourd'hui sont très incertains, le vote à la Chambre se jouant à quelques voix. M.Fini ainsi que le Parti démocrate, première force d'opposition de gauche, et son allié Italie des valeurs ont dénoncé des tentatives de débauchage déloyal de leurs députés par le PDL. M.Fini a fermé la porte à toute négociation de dernière minute, se disant certain que «Berlusconi tombera mardi» et que «le lendemain, FLI sera dans l'opposition». S'il est mis en minorité, Berlusconi devra démissionner et il reviendra alors au président Giorgio Napolitano soit de tenter de former un nouveau gouvernement, soit de dissoudre le Parlement pour des législatives anticipées.