A Constantine, de nombreuses familles restent intimement attachées à la tradition qui consiste à préparer, pour le f'tour de la mi-Ramadhan, la traditionnelle "Tridet ettadjine", plus connue dans les villes de l'Est du pays sous le nom de chekhchoukha. La recette ancestrale de la "trida", implique d'énormes efforts. Dès la matinée du 14ème jour du mois sacré, les constantinoises entament la préparation des minces feuilles de "trida" nécessaires à ce plat succulent. Les femmes désireuses de préparer ce mets doivent se lever très tôt pour sortir la grande "gassaâ" de bois et commencer à détremper et à pétrir la pâte qui doit ensuite reposer avant d'être à nouveau malaxée jusqu'à amollissement total. La pâte est ensuite partagée en boulettes et chaque boulette est aplatie, en utilisant beaucoup d'huile, pour être ensuite cuite sur un "tadjine h'did", un plat de cuisson en métal. Dès qu'elle prend une couleur dorée, la pâte est cuite et peut être émiettée. L'odeur qui s'en dégage envahit aussitôt la maison faisant saliver les jeûneurs. La tradition veut que ce plat soit préparé avec le collier d'agneau ou, à défaut, avec des cuisses de poulets ainsi que des courgettes, des carottes et des pois-chiches pour garnir le plat qui trônera sur la meïda du 14ème f'tour du Ramadhan et reléguera au second plan, le temps d'une journée, l'indétrônable chorba frik, indique encore cette dame. D'autres familles préfèrent, au lieu de saucer la trida, la prendre sucrée en le baignant dans du beurre avant de l'arroser de miel et d'extrait d'eau de rose, puis la garnir de cerneaux de noix et d'amandes concassés. Cette préparation est alors appelée, selon Hadja Yamina, El M'chelouech. Aussi consistant soit-il, ce plat est servi durant la veillée pour les membres de la famille, les voisins et les amis. Bon appétit…