Quatre jours après l'appel occidental réclamant son départ et l'annonce de sanctions contre son pays, où une mission humanitaire de l'ONU est arrivée, avant-hier, pour une visite de cinq jours, le président syrien Bachar al-Assad est intervenu, hier, à la télévision. Dans la journée, les forces de sécurité ont pénétré dans un quartier de Homs et menaient des perquisitions à Lattaquié au lendemain de la mort de 34 manifestants. "Le président Bachar al Assad a donné, hier, une interview à la télévision syrienne sur la situation en Syrie, le processus continu des réformes, les répercussions des pressions politiques et économiques américaines et occidentales et la vision de l'avenir de la Syrie dans le contexte régional et international actuel". Il s'agit de la quatrième intervention du chef de l'Etat depuis le début de la contestation il y a cinq mois. Le président américain, Barack Obama, et ses alliés occidentaux ont appelé pour la première fois jeudi le président Assad à partir et ont renforcé les sanctions contre son régime, après une sanglante répression qui a fait 2 000 morts. A Bruxelles, la chef de la diplomatie de l'UE, Catherine Ashton, a annoncé vendredi que 20 nouveaux noms avaient été ajoutés à la liste des personnes et sociétés syriennes touchées par un gel des avoirs et une interdiction de visa. Les représentants des 27 gouvernements européens ont également décidé de préparer un plan sur un embargo sur les importations de pétrole syrien dans les pays de l'UE et de suspendre l'aide de la Banque européenne d'investissement à la Syrie. L'Europe achète 95% du pétrole exporté par la Syrie, ce qui représente un tiers des recettes du pays. Par ailleurs, une mission humanitaire de l'ONU, conduite par Rashid Khalikov, directeur du Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU (OCHA), est arrivée, avant-hier, à Damas et devrait rester jusqu'au 25 en Syrie, a confié la porte-parole de l'OCHA, Elisabeth Byrs. Interrogée par téléphone à Genève sur les objectifs de cette mission, elle a indiqué: "Il s'agit pour l'ONU de voir comment elle peut apporter son soutien aux services publics et comment elle peut répondre à d'éventuels besoins humanitaires identifiés". Les services publics concernent l'électricité, l'eau potable, les communications et la santé. Sur le terrain, les opérations militaires se sont poursuivies, avant-hier. A Homs, "plusieurs blindés de l'armée ont pris position à l'aube à Khalidyieh et des renforts des services de sécurité sont arrivés à Baba Omrou et Inchaat à bord de neuf véhicules", a affirmé le président de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) Rami Abdel Rahmane. Selon cette organisation, huit personnes, dont une femme ont été blessées par les tirs de la sécurité syrienne, dans un quartier près de Baba Omrou. Et des tirs des forces de sécurité pour disperser une manifestation ont fait "deux morts et plusieurs blessées" à al-Rastan, entre Homs et Hama, selon un militant sur place. Cette incursion intervient deux jours après que le président Assad a assuré au secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon que les opérations militaires contre les contestataires avaient pris fin. A Lattaquié, les forces de sécurité perquisitionnaient le quartier de Qniniss, où l'armée est intervenue massivement cette semaine, a indiqué l'OSDH. Par ailleurs, une militante des droits de l'Homme Malak Sayed Mahmoud a été arrêtée à Halab, alors qu'elle venait demander un passeport et conduite à la sécurité militaire, ont affirmé six organisations. Ces opérations interviennent au lendemain de la mort de 34 manifestants, selon l'OSDH, basé en Grande-Bretagne. Sous le slogan "les prémices de la victoire", des protestataires ont bravé lors du troisième vendredi de ramadan les forces de sécurité qui ont ouvert le feu, ont annoncé des militants. Il y a eu 15 morts et 25 blessés près de Deraa, berceau de la contestation, selon l'OSDH qui précisé qu'une personne a été blessée samedi à Hirak quand des parents ont manifesté devant l'hôpital qui refusait de leur donner les corps de leurs proches. En outre, trois manifestants sont morts dans la banlieue de Damas et dans le centre du pays, 10 civils ont été tués à Homs, cinq à Palmyre et un à Qousseir, selon l'OSDH. Par ailleurs, les corps de cinq personnes enlevées mercredi par les milices pro-régime ont été retrouvés vendredi dans un champ près de Houlé. L'agence officielle Sana fait état de la mort de trois policiers et de deux civils tués par "des hommes armés". Selon elle, ces hommes ont attaqué vendredi un poste de police à Ghabagheb, tuant un commissaire et un civil et blessant huit policiers. Il était impossible de confirmer ces informations de source indépendante, les autorités limitant fortement les possibilités de déplacement pour la presse. Sana a annoncé en outre les funérailles samedi de 12 membres de l'armée, des forces de sécurité et de la police.