La mutualisation des dettes de la zone euro coûterait au pays plus de 20 milliards d'euros en dix ans. Un prix jugé excessif qui justifie, selon le gouvernement allemand, le rejet de cette mesure avant l'instauration d'une politique budgétaire et fiscale commune. Les euro-obligations coûtent trop chères. C'est ce que cherchent à démontrer les calculs du ministère allemand des Finances, repris par l'hebdomadaire Der Spiegel, avant-hier. Ce mécanisme, qui consiste à mutualiser les dettes des 17 pays de la zone euro, quel que soit leur état de santé, coûterait la première année 2,5 milliards d'euros d'intérêts en plus pour le budget allemand du ministre des Finances. Ce coût serait deux fois plus élevé la deuxième année pour atteindre un total de 20 à 25 milliards d'euros au bout de dix ans. Sur cette base, la chancelière allemande, Angela Merkel, a de nouveau fermement rejeté l'instauration de ce système, bien que de nombreux professionnels des marchés estiment qu'il s'agit de la solution à la crise de la dette souveraine européenne. "Les euro-obligations sont tout à fait la mauvaise réponse à la crise du moment. Elles nous amèneraient à une union de la dette et non à une union de la stabilité", affirme-t-elle dans un entretien à la chaîne ZDF. Ses propos font écho à ceux tenus par le ministre de l'Economie Philip Rösler au journal Bild am Sonntag : "Les euro-obligations sont un mauvais signal adressé aux économies nationales défaillantes. Couvrir les risques des autres pays avec les euro-obligations aurait pour effet immédiat de faire grimper les taux d'intérêts allemands. Cela aurait des effets dramatiques sur la croissance dans notre pays", explique-t-il. RENFORCER LA GOUVERNANCE Malgré toutes ces sorties, le gouvernement allemand n'a pas tiré un trait définitif sur ce système. Le ministre des Finances, Wolfgang Schäuble, a de nouveau affirmé que les pays de la zone euro pourraient émettre des euro-obligations s'ils échafaudent au préalable une politique budgétaire et fiscale commune. Mais ce mouvement vers plus d'intégration ne se fait pas assez rapidement, selon lui. "La plupart des Etats membres ne sont pas tout à fait prêts à accepter les restrictions nécessaires à la souveraineté nationale. Mais croyez-moi, c'est un problème qu'on peut résoudre", a expliqué le ministre dans un entretien au Welt am Sonntag. Souhaitant montrer l'exemple, Wolfgang Schäuble s'est dit pour sa part personnellement disposé à transférer la souveraineté nationale à Bruxelles. "En tant que personne, je serais déjà prêt. L'idée d'un ministre des Finances européen ne me pose aucun problème. Mais en tant que ministre des Finances je dis qu'il est de notre devoir de résoudre les problèmes ici et maintenant, et ce le plus rapidement possible sur la base des contrats existants". Wolfgang Schäuble doit rencontrer son homologue français François Baroin mardi pour discuter de l'harmonisation de l'impôt sur les sociétés et de l'instauration d'une taxe sur les transactions financières. La France est avec l'Allemagne le pays le plus fortement opposé aux euro-obligations.