Les prix du pétrole chutaient, avant-hier, en fin d'échanges européens, plombés par les chiffres décevants sur l'emploi des Etats-Unis en août et les craintes pour la demande énergétique américaine, le marché reléguant au second plan une tempête tropicale dans le golfe du Mexique. Vers 16H00 GMT (18H00 HEC), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en octobre s'échangeait à 113,26 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en baisse de 1,03 dollar par rapport à la clôture de jeudi. Sur le New York Mercantile Exchange, le baril de "light sweet crude" (WTI) pour la même échéance reculait de 1,73 dollar, à 87,20 dollars. "Les prix du pétrole ont accéléré brutalement leurs baisses après les chiffres très médiocres sur l'emploi américain", soulignait Michael Hewson, analyste chez CMC Markets. Après 10 mois consécutifs d'embauches, l'économie américaine n'a créé aucun emploi en août, (prenant de court les analystes, qui tablaient sur une légère hausse), et le taux de chômage s'est maintenu au niveau très élevé de 9,1%, selon le rapport mensuel sur l'emploi et le chômage aux Etats-Unis. Ce rapport est considéré comme un baromètre crucial pour jauger de la santé de l'économie aux Etats-Unis, premier consommateur mondial de brut. Après cette publication très fraîchement accueillie par les investisseurs, les prix du pétrole ont plongé de plus de 3,50 dollars à New York et de près de 3 dollars à Londres avant de limiter leurs pertes. "De tels chiffres ravivent la crainte que l'économie des Etats-Unis ne rechute en récession, et que cela tire vers le bas la demande énergétique américaine en conséquence", précisait M. Hewson. "Pour que les prix du pétrole se maintiennent à leur niveau actuel, il faut que l'environnement macroéconomique mondial s'améliore de façon significative cet automne, après le grand passage à vide de l'été", marqué par une salve d'indicateurs moroses aux Etats-Unis comme en Europe, relevait de son côté Andrey Kryuchenkov, analyste de VTB Capital. La médiocrité des statistiques américains était cependant susceptible de raviver les perspectives de mesures de la Réserve fédérale américaine (Fed) pour soutenir une économie vacillante - ce qui pourrait apporter un soutien au marché du pétrole dans les prochains jours, notait l'analyste. Plusieurs dirigeants de la Fed avaient discuté début août de stimulants monétaires, des mesures propres à alimenter les investissements dans les matières premières mais qui auraient aussi pour effet de diluer la valeur du billet vert, autre atout supplémentaire pour les cours du brut. "Visiblement, les inquiétudes sur la demande américaine ont été plus fortes que les perturbations des plateformes pétrolières" dans le Golfe du Mexique, poursuivait M. Hewson. Les compagnies pétrolières ont évacué une grande partie de leurs personnels opérant sur les plateformes offshore et certaines ont suspendu leur production de gaz et de pétrole. Le Golfe du Mexique représente plus d'un quart de la production de brut américaine. "Il ne semble pas que les prévisions en termes d'intensité des vents soient suffisantes" pour entraîner des perturbations très importantes de la production, tempérait de son côté Olivier Jakob, analyste de la société suisse Petromatrix.