L'ancien président est redevenu un justiciable ordinaire depuis qu'il n'est plus protégé par son immunité présidentielle. Le procès pourrait cependant tourner court en raison d'une question de procédure. Le procès de l'ancien président français Jacques Chirac dans une affaire d'emplois fictifs, s'est ouvert lundi à Paris, comme prévu en l'absence de l'ancien chef d'Etat, mais il pourrait tourner court en raison d'une question de procédure. Premier ancien président de la République à comparaître devant un tribunal, Jacques Chirac, 78 ans, doit répondre de faits remontant au début des années 1990, quand il était maire de Paris. Dispensé d'assister au premier jour d'audience, il devrait être présent hier, a confirmé un de ses avocats, Me Georges Kiejman. Il «a toujours dit qu'il tenait à s'expliquer, il viendra demain dire mieux que moi ce qui lui paraît utile de dire», a expliqué l'avocat. Dans une salle comble du tribunal correctionnel de Paris, huit autres prévenus ont pris place sur des chaises capitonnées dans la salle lambrissée de chêne. Une neuvième personne était représentée par son avocat. L'ancien président est redevenu un justiciable ordinaire depuis qu'il n'est plus protégé par son immunité présidentielle. Il est soupçonné d'avoir permis que des personnes travaillant essentiellement pour son parti, le RPR (ancêtre de l'UMP, le parti de l'actuel président Nicolas Sarkozy), soient rémunérées par la mairie de Paris. Maire de Paris de 1977 à 1995 avant d'être élu président (1995-2007), il n'a cessé de récuser l'existence d'un «système organisé». Mais le procès, prévu pour durer jusqu'au 4 avril, pourrait être reporté sine die et même ne jamais se tenir, si le tribunal accepte la requête de l'avocat d'un autre prévenu. Me Jean-Yves Le Borgne, défenseur d'un ex-directeur de cabinet de M.Chirac, a annoncé qu'il plaiderait l'inconstitutionnalité du texte qui a empêché la prescription des faits. Des doutes sur la tenue du procès avaient déjà été soulevés en raison de la santé déclinante de l'ancien président. Son épouse Bernadette a même dû démentir fin janvier qu'il souffrait de la maladie d'Alzheimer. Dimanche, Jacques Chirac a réaffirmé à la radio Europe 1 qu'il allait «aussi bien que possible». Le socialiste François Hollande, ancien numéro un du parti d'opposition, a indiqué avoir «de la considération pour Jacques Chirac». Il a souhaité «que la justice passe, mais avec équilibre et mesure». Cette affaire comprend deux volets: l'un a été instruit à Nanterre (près de Paris) portant sur sept emplois présumés de complaisance et pour lequel M.Chirac est accusé de «prise illégale d'intérêt»; l'autre a été instruit à Paris portant sur 21 emplois, pour lequel l'ex-président est poursuivi pour «détournement de fonds publics» et «abus de confiance». Dans le volet de Nanterre, plusieurs condamnations avaient déjà été prononcées en 2004, notamment à l'encontre de l'ancien Premier ministre (et actuel chef de la diplomatie) Alain Juppé, à l'époque secrétaire général du RPR et adjoint aux Finances à la mairie de Paris. L'ancien président encourt en théorie 10 ans de prison et 150.000 euros d'amende, ainsi que cinq ans de radiation des listes électorales et 10 ans d'inéligibilité. La pression s'est cependant allégée depuis que la ville de Paris a renoncé à se porter partie civile, suite à un accord d'indemnisation conclu en 2010 avec l'UMP et Jacques Chirac. Sans sa principale victime, le procès s'annonce aussi sans accusation puisque le parquet avait requis un non lieu général durant la procédure. Il reviendra à l'association de lutte contre la corruption Anticor, qui s'est constituée partie civile, de porter la contradiction face à la défense.