Les forces gouvernementales yéménites se sont massivement déployées à Sanaa, où l'opposition a appelé à des manifestations, hier, pour accélérer la chute du président Ali Abdallah Saleh, absent du pays depuis quatre mois. Les forces de sécurité et l'armée ont renforcé leur présence dans la capitale, dont tous les accès ont été fermés depuis, avant-hier, après-midi au trafic routier, alors que des civils armés ont fait leur apparition parmi les partisans du régime dans les rues de Sanaa. La capitale est privée d'électricité depuis, avant-hier, après-midi, et la plupart des stations de service ont été subitement fermées, ce qui a provoqué une affluence chaotique dans les rares stations qui continuent à servir les automobilistes. L'opposition a appelé, hier, à intensifier les manifestations contre le régime, faisant valoir que le processus politique était dans l'impasse en raison de l'absence prolongée de M. Saleh, actuellement en convalescence en Arabie saoudite après avoir été blessé le 3 juin dans un attentat à Sanaa. Nous avons appelé à une intensification de la contestation contre ce qu'il reste du régime pour aller de l'avant sur la voie d'un règlement pacifique de la crise, a déclaré Houria Machhour, porte-parole du Conseil national des forces de la révolution, créé en août pour coordonner la contestation. Le processus politique est dans l'impasse en raison du refus du président Saleh de signer le plan du Golfe sur une sortie de crise, qui prévoit la démission du président, a-t-elle ajouté. Les protestations populaires, entamées fin janvier, vont se poursuivre jusqu'à la fin du régime, a-t-elle assuré, redoutant toutefois des affrontements à Sanaa et dans les autres provinces du pays. Nous espérons que les forces loyalistes à Saleh ne s'en prendront pas aux défilés pacifiques de jeunes sans armes, a-t-elle dit, prévenant que les militaires dissidents, qui ont rallié en mars le mouvement de contestation sous la conduite du général Ali Mohsen al-Ahmar, étaient en état d'alerte pour défendre les manifestants en cas d'attaque. Nous souhaitons qu'il n'y ait pas de provocation, a ajouté la porte-parole, appelant les médiateurs du Golfe, les Etats-Unis et l'Union européenne (UE) à accroître leurs pressions sur le régime pour éviter une guerre civile. En dehors de Sanaa, la tension était vive dans d'autres provinces du Yémen, en particulier dans le Sud, et à Taëz, la deuxième ville du pays, où de violents affrontements ont opposé dimanche à l'aube la Garde républicaine, corps d'élite de l'armée, à des hommes de tribus armés, selon des habitants. Le parti présidentiel, le Congrès populaire général (CPG), a accusé, hier, le Forum commun, une coalition de l'opposition parlementaire, principale composante du Conseil national, de préparer un complot en mobilisant les jeunes protestataires à prendre le pouvoir par la force. Dans un communiqué, le CPG rend l'opposition responsable des conséquences d'une escalade de la violence, estimant qu'un règlement de la crise passe par un dialogue sérieux et responsable. Attentat-suicide contre l'armée près d'Aden Trois soldats ont été tués, avant-hier, soir dans un attentat-suicide contre l'armée yéménite à l'entrée de la ville d'Aden, principale ville du sud du Yémen, où al-Qaïda est fortement implantée, selon un responsable militaire. Un homme a fait exploser la voiture piégée qu'il conduisait à son arrivée au poste de contrôle d'al-Aalam, à l'entrée nord-est d'Aden. Le kamikaze a trouvé la mort et sept militaires ont également été blessés dans l'attentat, selon le responsable et une source hospitalière dans la ville. Cet attentat intervient alors que l'armée a annoncé avoir gagné du terrain ces derniers jours dans les combats qui l'opposent à des combattants liés à al-Qaïda, qui contrôlent depuis fin mai la ville de Zinjibar, à l'est d'Aden. Trois soldats et douze combattants islamistes ont été tués samedi dans des combats aux portes de Zinjibar, chef-lieu de la province d'Abyane (sud), selon des sources concordantes. Les combats se sont déroulés dans la banlieue sud de Zinjibar, ville dont des éléments armés se réclamant des Partisans de la Charia, une organisation liée à al-Qaïda, avaient pris le 29 mai le contrôle, provoquant un exode massif de la population. L'armée a perdu trois soldats lors d'affrontements avec des hommes armés alors que nos unités progressaient en direction de Zinjibar, a affirmé une source militaire. Une source à l'hôpital al-Razi dans la ville voisine de Jaar a ajouté que l'établissement avait accueilli les corps de douze combattants et de quatre autres islamistes blessés. Zinjibar et plusieurs localités de la province d'Abyane sont contrôlées depuis fin mai par des éléments extrémistes proches, selon les autorités, d'Al-Qaïda, qui ont profité de l'affaiblissement du pouvoir central lié à la vague de contestation populaire contre le président Ali Abdallah Saleh. Al-Qaïda dans la péninsule arabique (Aqpa), née d'une fusion des branches yéménite et saoudienne d'Al-Qaïda en janvier 2009, est active dans le sud et l'est du Yémen, où des attaques contre les forces de sécurité lui sont régulièrement attribuées.