Le nombre de chômeurs britanniques a dépassé cet été le seuil des 2,5 millions en juillet, le marché du travail ayant enregistré sa pire performance depuis deux ans après la destruction de plus de 100 000 emplois publics en raison du plan de rigueur gouvernemental. Selon des statistiques officielles publiées, hier, le taux de chômage au sens du Bureau international du travail (BIT) est resté globalement stable à 7,9% sur les trois mois achevés en juillet. Mais le nombre de demandeurs d'emplois a augmenté de 80 000 durant cette période, une hausse jamais enregistrée depuis août 2009, lorsque le Royaume-Uni était encore en récession. Les experts, qui s'attendaient au contraire à une légère baisse, ont été pris par surprise, estimant à l'instar de ceux de Capital Economics que "les choses vont de mal en pis sur le front de la reprise économique". Les jeunes ont été, comme c'est le cas depuis plusieurs mois, les premières victimes de la faiblesse du marché du travail, avec plus de 70'000 chômeurs supplémentaires dans la tranche des 18-24 ans et un taux de chômage durablement installé au-dessus de la barre des 20%. Mais un autre chiffre a encore plus retenu l'attention: en trois mois, le nombre de fonctionnaires a plongé de 111 000, la chute la plus importante depuis la publication de ce type de données en 1999, a souligné l'Office national des statistiques (ONS). Les économistes y ont vu une conséquence directe des coupes budgétaires décidées par le gouvernement, qui commencent à toucher de plein fouet les budgets des collectivités locales. Ils ont estimé que les effets de la rigueur sur l'emploi public se faisaient sentir plus rapidement que prévu. Alors que la croissance donne des signes de faiblesse de plus en plus marqués (+0,2% seulement au 2e trimestre), ces chiffres devraient aussi accroître les appels à un assouplissement du plan d'austérité pour aider l'économie à créer des emplois. La montée du chômage va mettre le gouvernement du Premier ministre conservateur David Cameron "sous une intense pression pour agir", a estimé Scott Corfe du centre de recherche CEBR, selon lequel une déréglementation supplémentaire du marché du travail n'est pas à exclure. Selon une autre donnée inquiétante pour l'économie publiée simultanément, les salaires ont augmenté de 2,1% sur un an alors que l'inflation atteint 4,5%, ce qui implique une nette érosion du pouvoir d'achat des Britanniques. Le plan de rigueur britannique est le plus sévère mis en place dans les grands pays développés depuis la crise financière. Il vise à éliminer d'ici 2015 un déficit public record, au prix de coupes claires dans les dépenses de l'Etat et des collectivités, conjuguées à des hausses d'impôts. Il devrait conduire à la suppression d'au moins 330 000 postes dans le secteur public, selon des projections officielles. Le ministre des Finances, George Osborne, a réitéré, la semaine dernière, sa volonté de maintenir en l'état le plan d'austérité, en dépit d'une mise en garde à Londres de la directrice générale du FMI Christine Lagarde contre les effets de politiques d'assainissement budgétaire trop brutales.