Les laboratoires Servier, mis en examen dans le dossier du Mediator, veulent déplacer leurs instances de décision de France vers les Pays-Bas, ont affirmé les médias, hier, rapportant les propos du numéro deux du groupe, Jean-Philippe Seta. “En gros, ce que m'a expliqué le Dr. Jacques Servier (le dirigeant), ce qui est évident pour lui, c'est une gouvernance avec une tête hollandaise, c'est impératif que le pouvoir ne soit plus en France, rapporte le JDD, retranscrivant une conversation de M. Seta, successeur désigné de Jacques Servier, avec un cadre de la direction juridique du groupe, Jean-Philippe Gille. Il cherche une solution juridique élégante, c'est-à-dire qui ne soit pas trop coûteuse fiscalement pour transférer le centre de décision hors de France, ajoute M. Seta, selon les écoutes d'une conversation tenue le 21 juin. Jean-Philippe Seta raconte à son collaborateur une discussion qu'il a eue la veille avec Jacques Servier. Le fondateur des laboratoires, qui contrôle toujours son groupe à 89 ans, lui a dit: Ecoutez, qu'on me propose vite une solution qui permettrait de transférer le pouvoir sans transférer une partie trop importante du capital et que cela nous coûte trop cher, selon le JDD. Les laboratoires Servier n'étaient pas joignables dans l'immédiat pour commenter l'information. Ces écoutes téléphoniques ont été réalisées dans le cadre de l'enquête sur le scandale du Mediator, un antidiabétique, largement prescrit comme coupe-faim, qui a causé 500 à 2.000 décès, selon plusieurs études. Le Mediator a été retiré du marché en novembre 2009 en raison des risques cardiaques encourus par les patients. Cinq millions de malades l'ont utilisé. Mercredi, Jacques Servier et cinq sociétés du groupe avaient été mis en examen avec des cautions exceptionnellement élevées pour tromperie aggravée et escroquerie.