Les Bourses européennes, encore fébriles, ont ouvert, hier, en baisse, la crise de la dette faisant toujours sentir ses effets, alors qu'en Asie, les marchés étaient stables, et la veille les indices de Wall Street ont terminé en franche hausse dans une séance volatile. La publication de bons indicateurs aux Etats-Unis et le vote allemand sur l'élargissement des pouvoirs du fonds de secours européen (FESF) ont permis à la majorité des places européennes de rebondir, la veille à la clôture. Les mauvais chiffres du commerce de détail en Allemagne, de la consommation des ménages au Japon ou de l'activité manufacturière en Chine tiraient aussi les marchés à la baisse. La Bourse de Paris a ouvert en recul de 0,57%, Londres de 0,29%, Francfort de 0,66%. Peu après la baisse s'accentuait à Francfort (-1,47%) et Londres (-1,18%). Paris se redressait légèrement (-0,28%) tandis que Milan cédait 0,31% et Madrid 0,41%. La Bourse de Tokyo a terminé, elle, quasiment inchangée, les investisseurs étant incités à la prudence par la rechute de l'euro vis-à-vis du yen. Les trois principaux créanciers (Union européenne, Banque centrale européenne et Fonds monétaire international) de la Grèce sont revenus, avant-hier, dans le pays, avec toujours dans la balance, le versement d'une tranche de 8 milliards d'euros d'un premier prêt consenti à Athènes en mai, nécessaire pour éviter une cessation de paiement. "La difficulté est que les efforts demandés sont trop importants pour permettre à la Grèce de voir une porte de sortie (...) Cette situation rend quasi-impossible la réforme structurelle du pays et ne laisse pas d'autres alternatives qu'un défaut de la Grèce qui mettra un terme à l'effet boule de neige du paiement des intérêts", ont cependant jugé les analystes du courtier Aurel BGC. Après le vote des parlements allemand et estonien, c'est au tour de celui de l'Autriche de se prononcer sur le FESF. Paris: le CAC accélérait ses pertes à la mi-séance La Bourse de Paris accélérait ses pertes à la mi-journée (-1,86%), plombée par un fort recul des valeurs bancaires. L'indice vedette, le CAC 40, perdait 56,24 points à 2971,41 points, entraîné vers le bas par les titres des banques Société générale (-6,93% à 19,62 euros), BNP Paribas (-4,13% à 29,85 euros) et Crédit Agricole (-4,48% à 5,15 euros). Alors qu'elles avaient débuté la séance dans le vert, les actions des trois banques françaises cotées ont quelques heures plus tard plongé dans le rouge, après une note négative des analystes de la banque suisse UBS.Ils ont en effet drastiquement abaissé leurs objectifs de cours des trois titres. Ils tablent désormais sur un cours à 21 euros pour l'action Société générale contre 35 euros auparavant. Au passage, UBS ne recommande plus aux investisseurs d'acheter le titre. Les analystes d'UBS ont abaissé leur objectif du cours du titre BNP Paribas à 31 euros, contre 36 auparavant, et celui de Crédit Agricole à 5,3 euros contre 6,9 euros précédemment. Hormis cette mauvaise nouvelle sur les banques au cœur de la tempête boursière depuis plusieurs semaines, le marché était marqué par des prises de bénéfices, les investisseurs procédant à d'ultimes ajustements de leurs portefeuilles au dernier jour du trimestre, a indiqué Yves Marçais, gérant actions chez Global Equities. En fin de trimestre ou d'exercice, les investisseurs procèdent à un ajustement de leurs bilans. Cet exercice, dit de "windows dressing", consiste par exemple à vendre des titres qui ont une performance médiocre. Du côté des valeurs, les titres du secteur bancaire, au coeur de la tempête boursière depuis l'été, évoluaient de manière contrastée. Si BNP Paribas (+0,88% à 31,46 euros) et Crédit AGricole (+1,44% à 5,47 euros) étaient dans le vert, le titre Société générale était, lui, dans le rouge (-1,33% à 20,75 euros). L'action du groupe Vivendi reculait de 0,78% à 15,26 euros, alors que sa filiale SFR va lancer le 11 octobre une offre mobile à prix "très agressifs", vendue seulement sur internet, après ses concurrents Orange et Bouygues. L'action du promoteur immobilier Kaufman & Broad s'envolait de 9,38% à 14,0 euros, après qu'il eut annoncé avoir multiplié par plus de sept à 14,1 millions d'euros son bénéfice net au troisième trimestre. Il a aussi révisé en hausse son objectif de résultat net pour l'ensemble de l'exercice. Le titre Soitec aussi montait fortement de 3,19% à 4,17 euros. Le fabricant français de composants électroniques a confirmé sa prévision de croissance, en dépit du pessimisme affiché par son principal client, l'américain Avanced Micro Devices (AMD). Le site de rencontres sur internet Meetic était stable à 13,96 euros. Il a annoncé que son fondateur Marc Simoncini allait être remplacé à la présidence du conseil d'administration par un représentant du nouvel actionnaire majoritaire américain, Gregory R. Blatt. En revanche, les titres du secteur du luxe LVMH (-3,42% à 99,67 euros) et Hermès (-1,57% à 229,05 euros) reculaient nettement, après la publication d'un mauvais indicateur sur les débouchés du luxe en Chine. La Bourse de Francfort sombre sous les -3% à mi-séance La Bourse de Francfort chutait nettement à mi-séance, le Dax s'enfonçant sous les -3%, lesté par les banques et les grandes valeurs industrielles. L'indice vedette de la place financière allemande perdait 3,18% à 5460,52 points. Toutes les valeurs étaient dans le rouge, avec un fort décrochage de Deutsche Bank (-7,82%) et BMW (-6,82%). Ralf Umlauf, analyste de la banque Helaba, jugeait improbable vendredi matin que le Dax "renoue avec sa dynamique de la veille." La première économie européenne a déçu, en annonçant que les ventes de détail y avaient chuté de 2,9% sur un mois en août, un chiffre nettement plus mauvais qu'attendu. C'est un nouveau coup porté aux espoirs d'un réveil des consommateurs allemands, attendu depuis des mois pour seconder l'activité industrielle et renforcer ainsi la dynamique conjoncturelle dans le pays. Les consommateurs français ont fait à peine mieux, avec des dépenses en baisse en juillet et en très faible hausse en août, selon des chiffres également parus vendredi. La statistique allemande plombait notamment le cours du grand groupe de distribution Metro (-2,59% à 32,49 euros). Par ailleurs Deutsche Bank cédait 3,17% à 27,36 euros, après avoir connu quelques envolées cette semaine à la faveur de spéculations sur des mesures spectaculaires contre la crise de la dette en zone euro. Même schéma pour Allianz, qui avait aussi profité de ces rumeurs et qui lâchait 1,41% à 71,48 euros. Londres: le Footsie-100 évolue en baisse (-0,96%) La Bourse de Londres évoluait en baisse, hier matin, comme les autres places européennes, après la publication d'indicateurs jugés décevants au Japon et en Chine. L'indice Footsie-100 des principales valeurs perdait 49,75 points, soit 0,96% par rapport à la clôture de la veille, à 5147,09 points. En tête des rares valeurs dans le vert, le groupe pharmaceutique AstraZeneca progressait de 0,26% à 2.882 pence, après avoir annoncé le règlement d'un litige avec un groupe américain sur les droits de son neuroleptique vedette Seroquel. Le groupe d'articles de luxe Burberry menait le train des reculs, avec une perte de 4,83% à 1.142 pence. Les banques étaient également dans le rouge, à l'image de Standard Chartered (-2,72% à 1.321 pence) et HSBC (-1,79% à 503,6 pence), toutes deux fortement implantées en Asie. Au Japon, la consommation des ménages s'est nettement repliée en août et la production industrielle n'a crû que modérément, la machine économique nippone peinant depuis le tsunami sur fond de ralentissement de la croissance mondiale. Par ailleurs, l'activité manufacturière s'est légèrement contractée en Chine en septembre pour le troisième mois consécutif, selon un indice définitif publié, hier, par HSBC. Bourse de Tokyo: le Nikkei stable sur fond de rechute de l'euro L'indice Nikkei de la Bourse de Tokyo a terminé la séance d'hier, quasi inchangé, après avoir baissé une bonne partie de la journée, les investisseurs étant incités à la prudence par la rechute de l'euro vis-à-vis du yen et par le recul d'autres places en Asie. A la clôture, l'indice Nikkei 225 des valeurs vedettes a abandonné 0,94 point (-0,01%) par rapport à la veille pour s'afficher à 8.700,29 points, en dépit de bons indicateurs économiques aux Etats-Unis et de l'adoption par le parlement allemand du renforcement du fonds de secours de la zone euro (FESF). Il a toutefois augmenté de 1,63% sur l'ensemble de la semaine, montant ou chutant au fil des jours au gré des incertitudes concernant l'évolution de la crise de la dette grecque et des craintes quant à la marche de l'économie internationale. L'indice élargi Topix de toutes les valeurs du premier tableau a pour sa part baissé vendredi de 1,13 point (-0,15%), pour finir à 761,17 points. La séance a été relativement active, avec 2,01 milliards de titres échangés sur le premier marché. Les fortes fluctuations des monnaies et la cherté persistante du yen face au dollar et à l'euro rendent extrêmement prudents les investisseurs à Tokyo. Au terme de la séance à Tokyo, le billet vert évoluait aux environs de 76,60 yens, au même niveau que 24 heures plus tôt, tandis que la monnaie européenne valait environ 103,60 yens, contre 104,25 yens, la veille à la même heure. Wall Street profite d'un regain d'optimisme en clôture Deux des trois principaux indices de Wall Street ont terminé en franche hausse une séance volatile, avant-hier, à la faveur des espoirs suscités par des indicateurs macroéconomiques favorables et par le feu vert allemand à l'élargissement des pouvoirs du fonds d'urgence européen. L'indice Dow Jones des 30 industrielles a gagné 1,30%, soit 143,08 points, à 11.153,98. Le S&P-500, plus large, a pris 9,34 points, soit 0,81%, à 1.160,40. En revanche, le Nasdaq Composite, à forte pondération technologique, a reculé de 10,82 points (-0,43%) à 2.480,76, notamment plombé par la chute des valeurs liées à l'industrie des semi-conducteurs.Les trois indices devraient enregistrer au troisième trimestre leur pire performance depuis le quatrième trimestre de 2008 et la volatilité devrait rester élevée au gré de l'évolution de la situation en Europe. Le nombre d'Américains s'inscrivant au chômage est tombé à un plus bas de cinq mois la semaine dernière, et les chiffres de la croissance du deuxième trimestre ont été révisés à la hausse, laissant les marchés espérer qu'une récession n'est finalement pas à craindre. Le titre Advanced Micro Devices (AMD) a plongé de 13,7% à 5,31 dollars après que le fabricant de semi-conducteurs a annoncé mercredi soir une révision à la baisse de prévisions trimestrielles. L'indice du secteur des semi-conducteurs de la Bourse de Philadelphie a reculé de 1,28%. Ailleurs dans le secteur technologique, l'action Amazon a cédé 3,16% à 222,44 dollars, victime de prises de bénéfices après sa forte progression de la veille suite au lancement de sa tablette. Le moteur de recherche chinois Baidu a cédé 9,17% à 110,29 dollars, sous le coup, comme d'autres entreprises chinoises cotées à Wall Street, d'un avis du régulateur de marché disant que le département de la Justice américain enquêtait sur des irrégularités comptables au sein de ces entreprises. Comme en Europe, le secteur du luxe et des biens de consommation courante a été affecté par des inquiétudes concernant la santé de l'économie chinoise qui avait tiré le monde hors de la récession après la crise financière de 2007-2009. Le titre Tiffany ainsi cédé 6,9% à 64,70 dollars, celui de Coach 6,1% à 54 dollars et celui de Ralph Lauren 2,6% à 139,80 dollars.