Le Portugal a subi, avant-hier, un revers dans ses efforts pour assainir ses finances publiques avec l'annonce d'un déficit au premier semestre jugé décevant en vue des objectifs imposés par l'UE et le FMI, en échange d'une aide de 78 milliards d'euros sur trois ans. Le déficit budgétaire s'élevait encore à 8,3% du PIB fin juin, selon des données provisoires de l'Institut national des statistiques (Ine), alors que le gouvernement doit le ramener à 5,9% à la fin de l'année. Ce chiffre "n'est pas aussi prometteur que nous l'espérions", avait par avance déclaré, la veille, le Premier ministre Pedro Passos Coelho à son arrivée à Varsovie pour un sommet réunissant les dirigeants de l'Union européenne et de six pays de l'ex-URSS. Le chef du gouvernement portugais, au pouvoir depuis fin juin, a toutefois assuré que son pays parviendra à respecter les engagements pris auprès de l'Union européenne et du Fonds monétaire international dans le cadre du plan de sauvetage financier conclu en mai. "Les mesures annoncées lors de la dernière évaluation avec la troïka (UE-BCE-FMI, les bailleurs de fonds du Portugal) permettront d'atteindre le déficit prévu cette année", a souligné M. Passos Coelho. Pour combler un dérapage budgétaire estimé à environ 2 milliards d'euros, le gouvernement avait annoncé cet été le prélèvement d'une taxe spéciale sur les revenus et anticipé la hausse de la TVA appliquée au gaz et à l'électricité, prévue auparavant pour 2012. Au premier semestre de cette année, le déficit des administrations publiques s'est établi à 6,9 milliards d'euros, contre 8,7 milliards au cours des six premiers mois de 2010 (10,4% du PIB), a précisé l'Ine. Cette évolution s'explique notamment par une réduction de 2,7% des dépenses publiques, grâce à la baisse des rémunérations des fonctionnaires et des prestations sociales. Fin juin, le déficit public sur douze mois s'est réduit à 8,8% du PIB contre 9,3% fin mars. L'office des statistiques a par ailleurs revu en hausse le déficit de 2008 à 2010 en raison de dettes non déclarées par la région autonome de Madère, petit archipel de l'océan Atlantique, d'un montant de 1,2 milliard d'euros. Le déséquilibre des comptes publics a ainsi atteint 3,6% du PIB en 2008, 10,1% en 2009 et 9,8% l'an dernier (contre 9,1% précédemment). Cette année, les dettes de Madère creusent le déficit portugais de 570 millions d'euros. L'Ine et la Banque du Portugal avaient dénoncé mi-septembre une "omission grave" de la part des autorités régionales, provoquant un tollé au Portugal et portant un coup dur à la crédibilité internationale du pays, qui cherche à éviter le sort de la Grèce. M. Passos Coelho avait reconnu la semaine dernière qu'en cas d'éventuel défaut de paiement la Grèce, Lisbonne pourrait avoir besoin d'une nouvelle aide financière. Dans le même temps, son gouvernement ne cesse de réaffirmer sa détermination à aller "au-delà" du plan d'aide international, qui lui impose déjà un exigeant programme de rigueur et de réformes visant à assainir ses finances publiques et augmenter la compétitivité de son économie. Mais sur le front de la croissance, les dernières nouvelles n'inspirent pas davantage d'optimisme car le gouvernement vient d'annoncer qu'il table sur une récession plus profonde que prévu l'année prochaine, à -2,3% du PIB contre -1,8% précédemment. Pour cette année, le PIB portugais devrait toutefois se contracter de 1,8% contre 2,2% d'après les précédentes prévisions.