Le cours de l'or a accentué cette semaine sa dégringolade, plongeant à plusieurs reprises sous 1600 dollars l'once alors que, face à la vive agitation des autres marchés, des investisseurs en quête de liquidités se désengageaient sans états d'âmes du marché des métaux précieux. Or Si l'or n'a pas exactement du plomb dans l'aile, il brille cependant d'un éclat singulièrement amoindri: ces deux dernières semaines, le prix du métal jaune a lâché jusqu'à 15% de sa valeur. Il s'est enfoncé lundi dernier jusqu'à 1532,72 dollars l'once, son niveau le plus faible depuis début juillet (et très loin de son pic historique à 1921 dollars enregistré le 6 septembre), avant de limiter ses pertes et d'évoluer en dents de scie entre 1600 et 1650 dollars. Traditionnelle valeur refuge, l'or n'a pas plus bénéficié de l'éphémère regain d'optimisme des investisseurs sur la zone euro qu'il n'avait profité la semaine précédente de la débâcle des Bourses. Face à la forte volatilité sur les marchés actions et de matières premières, obtenir des liquidités est devenu crucial pour des investisseurs aux abois, et ils n'hésitent plus à abandonner leurs positions sur le marché des métaux précieux contre des dollars - une devise refuge très plébiscitée. "L'or peut être vu en partie comme une police d'assurance contre les jours difficiles. Eh bien, ces jours mauvais sont arrivés, et des investisseurs ont recours à leur assurance: c'est à dire qu'ils vendent une partie de leur or pour aider à couvrir leurs pertes sur les autres marchés", a expliqué Stephen Briggs, analyste chez BNP Paribas. "L'effondrement de l'or et ses fluctuations imprévisibles de cette semaine ont incité de nombreux investisseurs à se tenir en retrait. En somme, l'or est devenu un problème pour ses détenteurs en quête d'une réserve de valeur stable", ajoutait Ross Norman, analyste du courtier spécialisé Sharps Pixley. Pour les experts de l'agence de notation Fitch, il s'agit d'une correction attendue, après la flambée des cours de l'or (+20% en un mois) enregistrée en août, les investisseurs "se montrant réticent à acheter de l'or à des prix historiquement élevés". Enfin, le CME, opérateur du marché new-yorkais des métaux précieux, a annoncé un nouveau relèvement de 21% de ses "appels de marge" sur l'or, c'est-à-dire les montants que les investisseurs doivent déposer pour chaque position sur un contrat à terme. Cette augmentation du "ticket d'entrée", destinée à enrayer la spéculation, pouvait inciter les investisseurs les plus modestes à quitter le marché de l'or. Cependant, la morosité de l'économie, les taux d'intérêts très bas et la crise des dettes européennes, couplés à une forte demande asiatique, devraient permettre à l'or de rebondir, tempéraient les experts de Barclays Capital, en tablant sur un prix moyen de l'once d'or à 2000 dollars en 2012. Sur le London Bullion Market, l'once d'or a terminé la semaine à 1620 dollars au fixing du soir contre 1689 une semaine auparavant. Argent L'argent, souvent considéré comme une alternative moins onéreuse, a quant à lui perdu 24% de sa valeur en deux semaines, sombrant dans le sillage de l'or, et souffrant de surcroît de sa nature de métal à usage industriel alors que les perspectives économiques mondiales sont moroses. L'once de métal gris a terminé la semaine à 30,45 dollars au fixing du soir l'once contre 32,90 dollars sept jours auparavant. Il est descendu lundi jusqu'à 26,07 dollars, son plus bas niveau depuis novembre 2010. Platine/palladium Le platine est tombé lundi à 1471,25 dollars l'once, son plus bas niveau depuis mai 2010, tandis que le palladium continuait d'évoluer à des niveaux plus vus depuis octobre 2010. Les platinoïdes, dont le principal débouché est l'industrie automobile, ont ensuite limité leurs pertes sur le reste de la semaine mais ne parvenaient pas à rebondir malgré le regain de confiance des investisseurs. Sur le London Platinum and Palladium Market, l'once de platine a terminé la semaine à 1511 dollars contre 1651 dollars une semaine auparavant. L'once de palladium a fini à 614 dollars contre 659 dollars sept jours plus tôt.