Abdelkader Malou, un handicapé à 100%, n'avait certainement pas le moindre doute qu'un jour il serait menacé d'être sans toit sous le ciel d'une Algérie indépendante qu'il a servie au prix de sa vie. A l'heure où cet article est paru, il doit pourtant compter les heures avant qu'un huissier de justice, accompagné par la force publique, ne vienne l'expulser de son domicile. Ammi Abdelkader habite El Maquaria dans cette maison depuis 1922. Il n'a jamais eu un autre toit, ni même bénéficié en tant qu'handicapé d'un logement social, et vit avec sa famille nombreuse, sa femme et ses cinq enfants, dans une chambre et des toilettes collectives. Son fils, Bilal, nous a dénoncés, brandissant une pile de documents "la hogra subie par le propriétaire des lieux et ses deux parents en état de santé très critique ainsi que ses quatre sœurs", nous dit-il d'emblée la gorge nouée et des larmes sur ses joues. "Je ne comprends pas cette décision pour le moins injuste, je viens d'être saisi par mon avocat qui m'a informé qu'une décision de justice sera prononcée contre moi pour évacuer l'appartement que mon défunt grand-père habitait depuis 1922, je ne trouve pas les mots pour qualifier cette injustice. Où vais-je aller avec mes quatre sœurs et mes parents. Je ne peux pas jeter ma famille dans la rue. Je souhaite que les plus hautes autorités du pays se penchent sur mon cas, je ne demande rien si ce n'est élever mes sœurs dans la dignité. Je suis un simple fonctionnaire dans un centre de formation qui touche à peine 7000 DA par mois, je ne peux même pas louer un F1. La justice m'a donné raison durant les deux procès, mais le propriétaire veut me faire sortir. La mère de famille ne peut retenir ses larmes, une mère diabétique qui ne cherche qu'à élever dans la dignité ses enfants et s'occuper de son mari qui est handicapé et sans emploi. La famille Malou, doit évacuer la maison avant dimanche prochain, c'est ce qu'a affirmé l'huissier de justice, venu hier les informer de la décision de la justice.