Après l'arrestation de Ratko Mladic, la Commission européenne compte entrouvrir la porte de l'UE à la Serbie, sous réserve d'une reprise du dialogue avec le Kosovo, et proposer d'entamer les pourparlers en vue d'une adhésion du Monténégro. Le commissaire européen en charge de l'Elargissement, le Tchèque Stefan Füle, doit faire ces recommandations à la mi-journée en présentant ses rapports annuels d'évaluation des pays candidats ou potentiellement candidats à rejoindre le bloc des 27. Selon des sources diplomatiques, M. Füle devrait proposer d'accorder le statut de "candidat" à la Serbie, notamment pour la récompenser d'être parvenue, en mai et en juillet, à arrêter les deux derniers criminels de guerre encore recherchés par le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie, Ratko Mladic et Goran Hadzic. Belgrade, qui avait posé sa candidature en décembre 2009, espérait davantage et comptait aussi obtenir une date pour l'ouverture des pourparlers d'adhésion. Mais le récent regain de tension avec le Kosovo, une ancienne province de la Serbie dont Belgrade ne reconnaît pas l'indépendance, a douché cet espoir. En mars, Belgrade et Pristina avaient entamé un rapprochement historique sous l'égide de l'UE en acceptant de dialoguer des problèmes affectant leurs relations quotidiennes, comme la circulation des marchandises ou l'échange de registres cadastraux. L'exercice est aujourd'hui à l'arrêt du fait d'un regain de tension dans le nord du Kosovo --où vit une population majoritairement serbe--, et Belgrade a jugé "illusoire" que les pourparlers puissent reprendre dans l'immédiat. La décision reste encore soumise à l'aval unanime des 27 Etats membres, qui se pencheront sur la question en décembre. Plusieurs Etats, dont l'Allemagne, ont exprimé de fortes réserves mais d'autres, comme l'Italie, sont favorables à l'adhésion de la Serbie. Selon des sources européennes, Bruxelles devrait préciser que l'octroi du statut de candidat à la Serbie soit accompagné d'une reprise des pourparlers avec le Kosovo et de la mise en oeuvre des accords déjà conclus. Une ouverture des négociations ne se ferait qu'à condition que des progrès soient réalisés dans le dialogue entre Serbes et Kosovars. Déjà reconnu candidat à l'UE l'an dernier, le Monténégro devrait pour sa part passer à l'étape suivante, Bruxelles se préparant à proposer l'ouverture de négociations d'adhésion. La Commission devrait notamment saluer le bilan positif du Monténégro en matière de réformes (renforcement du rôle du Parlement, nouvelle loi électorale, dépolitisation de l'administration publique) ainsi qu'en matière de lutte contre la corruption et le crime organisé. D'autres aspirants à rejoindre l'UE font en revanche du surplace. Reconnue candidate en 2005, la Macédoine attend ainsi toujours une date d'ouverture de négociations, mais doit au préalable s'entendre avec la Grèce sur son nom. Et alors que les pourparlers avec la Croatie viennent d'être bouclés, ceux avec la Turquie, ouverts en même temps, en 2005, sont en revanche gelés, du fait notamment de l'impasse chypriote. Ankara ne reconnaît pas la partie chypriote-grecque de l'île divisée, qui est membre de l'UE, et refuse de lui appliquer l'union douanière conclue avec l'UE. En réponse, l'UE bloque l'ouverture de toute une série de chapitres thématiques de négociations. En outre, Bruxelles s'en prend notamment aux problèmes de respect des droits fondamentaux en Turquie, et s'inquiète des nombreux procès contre des journalistes et écrivains ou encore des restrictions d'accès à l'internet. Les relations de la Turquie à l'UE pourraient encore empirer l'an prochain, Ankara ayant menacé de les geler si Chypre accède comme prévu en juillet à la présidence tournante du bloc.