A quelques semaines de l'aïd, les prix du mouton ont connu une hausse démentielle toute prévisible, et ce en l'espace de cinq jours. Dans les marchés de référence de Djelfa, Aïn-El Bel et El-Idrissia, les cours sont passés de 2 à 3 millions de centimes pour l'agneau, la brebis de 16 000 à 22000 DA et le bélier, maître de céans est côté à 6 millions de centimes. Sur les étals, les viandes rouges sont montées en puissance : 800 DA le kg, soit une hausse de 200 DA en quelques jours. Et la situation devrait se poursuivre et subir une volatilité des prix. Raisons invoquées : " la flambée des fourrages, la transhumance mécanisée, les frais des vigiles et des berges ", commentent des éleveurs. Un constat relevé durant notre reportage : l'éleveur est devenu un engraisseur et la bergerie à l'intérieur des périmètres urbains a remplacé la z'riba. La notion d'élevage plein-champ n'est plus qu'un lointain souvenir, avec cette pratique hors-sol qu'est l'engraissement. La course au profit instantané est la règle, puisque " près de 600.000 moutons, sur les 3 millions que compte la wilaya de Djelfa, ont été préparés pour l'Aïd où une forte demande s'enclenche ", constate un agronome qui distingue la race-reine des Ouled Djelal dont l'agneau pèse 30 kg à 5 mois, le " rembi " (25 à 30 kg), la " Yamra " (20 à 25 kg) et " Taâdmit, réputé surtout par la qualité de sa laine. Une virée hier dans les marchés de la capitale de l'ovin, en l'occurrence Chahbounia, 100 km au sud de Médéa, renseigne sur les prix dépassant tout entendement. La viande ovine, qui, il y a quelques jours, était cédée à 500 DA a atteint le pic de 850DA /kg. Au marché hebdomadaire, un bélier de calibre et de qualité est proposé entre 6 et 7 millions de centimes. Un différentiel de 10 000 DA par rapport à la " clémence " de la mercuriale affichée début du mois d'octobre en cours. Même le caprin, généralement boudé, adopte un profil haut en passant de 350 à 650 kg. Du jamais vu dans les annales de Chahbounia. Et la tendance haussière va s'accentuer à la veille de l'aïd, prévoit un éleveur. Finalement, la " bête " à sacrifier, c'est bien le modeste citoyen sous les couteaux affûtés des prix.