La hausse des prix des viandes rouges, enregistrée ces derniers mois sur les principaux marchés de la capitale, est due à une “pure spéculation” plutôt qu'à une baisse de la production, ont affirmé des professionnels de la filière à l'APS. Selon le directeur de la production animale au ministère de l'Agriculture et du Développement rural, “il n'y a aucune baisse de production cette année avec toutes les mesures prises par l'?tat pour le développement de la filière, notamment l'importation de 300 000 tonnes d'orges, la mise en défens de terres, et l'excellente pluviosité favorisant un végétation abondante”. Les fortes hausses de prix des viandes “est le résultat des intermédiaires qui viennent se greffer à la chaîne et profitent de telles occasions pour accroître leurs gains”, a expliqué ce responsable à l'APS. Les pertes de cheptel enregistrées récemment dans les inondations de Ghardaïa et de Béchar sont qualifiées “d'infimes” par ce responsable. Selon des statistiques fournies par le ministère de l'Agriculture, le nombre d'ovins au niveau national a dépassé en 2007 les 20 millions de têtes, dont 10,9 de brebis, en légère progression par rapport à 2006 (19,2 millions). La wilaya de Djelfa, connue par la célèbre race Ouled Djellal regroupe le plus important nombre avec près de 2,5 millions de têtes d'ovins, suivie de M'sila (1,460 million), Laghouat (1,425 million), El-Bayadh (1,3 million), et Tiaret avec 1,260 million de têtes. “Les maquignons sont réticents à vendre leurs bêtes en cette période de l'année, préférant les garder pour l'Aïd El-Adha et accroître ainsi leurs revenus”, ont indiqué des grossistes et des bouchers ayant pignon sur rue. Selon eux, les spéculations vont bon train générant une certaine pénurie de viande rouge sur les marchés de gros. Les pluies précoces, synonymes d'abondance de fourrages pour le bétail ont également favorisé le surenchérissement des prix du mouton, à l'approche de la fête de l'Aïd El-Adha, au grand bonheur des maquignons qui n'en demandaient pas tant pour effacer des années de sécheresse. “Il y a de l'herbe partout et la végétation riche donne toute la latitude aux éleveurs de garder leurs troupeaux en cas de mévente, contrairement à l'an dernier où la préoccupation majeure des éleveurs était de liquider pour ne pas avoir à nourrir les bêtes”, explique un vieux maquignon qui fait souvent l'axe Alger–Djelfa pour ravitailler les souks en cette période de l'année… Selon lui, “ce commerce est un filon en or, mais pas pour cette année. les prix étant trop élevés et les gens achètent moins”. Pour faire du bon “business”, il faudra attendre encore, ajoute-t-il. Dans les marchés de gros, les troupeaux se négocient au prix fort. Certaines bêtes sont proposées à 22 000 DA l'unité, soit un prix qui dépasse l'entendement, sachant que sur le marché du détail, il faut rajouter au bas mot, 30% pour répercuter les frais de transport et la marge bénéficiaire. De nombreux citoyens voulant un sacrifice pour l'Aïd, ont été “refroidis” par des prix exorbitants dépassant de loin ceux de l'année dernière. Certains ont carrément rebroussé chemin préférant attendre encore des “jours meilleurs”. Selon d'autres, “il y a une différence de 5 000 DA entre les prix des moutons de l'an dernier et ceux de cette année”. Sur le marché du détail et à quelque deux semaines de l'Aïd, les prix des viandes poursuivent leur tendance haussière, a-t-on constaté sur les principaux marchés de la capitale. La viande bovine dépasse nettement les 900 DA/kg et l'ovine se stabilise à 650-680 DA le kg. Le foie de veau est à 1 400 DA le kg et celui de l'agneau à 1 600 DA. “Du jamais vu, les prix ont augmenté de près de 150 DA en l'espace de quelques jours”, a déclaré une mère de famille désemparée devant cette situation. Concernant les viandes blanches, il convient de signaler que leurs prix n'échappent pas au phénomène de la hausse et suivent la courbe ascendante. Le kilogramme de dinde se situe à 330 DA tandis que les morceaux de choix comme l'escalope sont passés en quelques jours de 530 DA à 680 voire 700 DA sur les étals des bouchers, au grand dam des ménages à faible revenu. Le poulet éviscéré cédé habituellement à 170 voire 200 DA, selon l'endroit, est proposé à 300 DA le kg. Le prix de l'œuf est fixé à 11 DA l'unité et vaut 12 DA dans certains secteurs de la capitale. ? la question de savoir à quoi est due cette hausse des prix, les marchands de volailles mettent en cause directement les prix des aliments du bétail dont les intrants sont essentiellement importés. Cette enquête de l'APS fort intéressante et détaillée ne met pas le doigt, nous semble-t-il, sur les raisons de ces pratiques spéculatives. Le marché depuis fort longtemps échappe à l'?tat. Ni les services de l'agriculture, ni du commerce, ni des impôts, ni de l'intérieur ne coordonnent leur action pour organiser le marché, faute d'une volonté politique au plus haut niveau. Ce sont toujours les citoyens qui paient la facture salée, résultant de cette anarchie. R. E.