L'innovation ne rive pas toujours avec le monde universitaire et de la recherche, selon Mme Yasmina Taya, présidente de l'association des femmes chefs d'entreprise, SEVE (savoir et vouloir entreprendre) qui a intervenu, hier, au cours des travaux et des débats organisés au niveau du panel N° I " management de l'innovation dans les entreprises algériennes : outils et contraintes " dans le cadre du colloque international sur " l'innovation, l'entrepreneuriat et la compétitivité des entreprises " dont la présentation des recommandations est prévue aujourd'hui, lors de la cérémonie de clôture. "L'innovation ne se limite pas à l'innovation universitaire " a-t-elle ajouté. Le patrimoine algérien est riche en termes de créativité dans divers domaines. "Nous avons divers produits concurrentiels au niveau des régions d'Algérie et ils ne demandent qu'à être mis en avant sur le marché " a-t-elle souligné, mettant en évidence les différences rencontres et multiples déplacements que les femmes chefs d'entreprise membres de la SEVE ont effectué à l'intérieur du pays. La SEVE effectue des déplacements dans l'Algérie profonde en vue de dénicher les potentialités féminines en termes des penchants vers l'entreprenariat et l'innovation. " On va dans les régions pour identifier les projets et on offre des formations aux personnes que nous avons identifiées comme porteuses de projets " a-t-elle expliqué la démarche de la SEVE, mettant en évidence les capacités créatrices que recèlent les femmes rurales. L'expérience des femmes algériennes chefs d'entreprise a donné des résultats probants, dit-elle, tout en insistant sur la nécessité pour les pouvoirs publics de se rapprocher des universités et centres universitaires aussi éloignés soient-ils, donnant l'exemple de l'intérêt d'installer des incubateurs dans l'enceinte des ces universités comme c'est le cas de celle d'El Tarf. Ainsi la connexion universités-entreprises s'impose aussi dans le cadre de la promotion de la recherche opérationnelle et de l'innovation. " Il n'y a pas en Algérie 500 personnes formées en management " Une autre intervention aussi importante que la première mérite aussi d'être signalée. Il s'agit de celle de M. Bouziane M'Hamed, enseignant universitaire en génie industriel à l'Ecole Polytechnique d'El Harrach (Alger). " Je ne pense pas qu'il y a en Algérie 500 personnes formées en management " affirme-t-il, tout en s'inspirant du budget d'entreprises réservé à la formation en général et en management en particulier. La loi impose pourtant aux entreprises, a-t-il ajouté, la consécration de 2% de la masse salariale à la formation. " Or il est rare de trouver des entreprises qui se plient à cette disposition de loi de formation des cadres et elles préfèrent donner des avances sur salaires " fait-il remarquer. Il a cité l'exemple d'une entreprise publique de 2000 employés qu'il a visitée et ou il n'a rencontré, dit-il, que 40 personnes qui sont vraiment formées. Sa deuxième recommandation aux entreprises porte sur la nécessité qu'elles soient à l'écoute de leur client. " Or, on n'est pas aujourd'hui en Algérie dans un environnement d'une culture de l'écoute du client " estime-t-il. M. Bouziane recommande aussi aux membres du panel N° I l'urgence d'abandonner la notion de " brevets " qui a disparu, dit-il, dans le monde de l'innovation. "On raisonne aujourd'hui en termes de solutions car on achète des solutions " soutient-il. Et puis, selon son analyse, l'innovation dans le secteur des services est plus demandée en Algérie, tout en signalant les enjeux de l'analyse de la valeur pour promouvoir l'innovation en Algérie. " Ce sont des paramètres SMIG de l'innovation " a-t-il conclu son intervention. M.Hammoud Mohamed, enseignant universitaire en génie mécanique à l'université de Boumerdès a insisté, quant à lui, dans son intervention sur l'intérêt de ne pas former seulement les hauts cadres d'entreprises pour innover, mais aussi d'autres personnels qui concourent à la fabrication du produit ou du service. " Quand on parle de formation et de management, on fait allusion seulement aux cadres dirigeants d'entreprise; mais les autres personnels sont ignorés. Or l'ouvrier qui va réaliser l'objet a besoin aussi d'être formé pour réussir la réalisation du nouveau produit " a-t-il indiqué. M Abderrahmane, conseiller senior CSMB Québec, modérateur de la séance qui a présenté l'expérience canadienne en matière d'innovation, a souligné l'importance d'inculquer la notion d'entreprenariat aux écoliers d'abord. " l'entrepreneuriat est enseigné dans les écoles primaires au Québec et ou les meilleures réalisations scolaires l'entrepreneuriat sont primées chaque année à la fin de l'année scolaire " signale-t-il. L'expérience canadienne introduit aussi l'entrepreneuriat au niveau du secondaire, ce qui convient chez nous à la 3éme et la 4éme année moyenne, selon l'expert algérien qui enseigne à Montréal. Ainsi, des cours d'entrepreneuriat sont donnés, dit-il, aux élèves de ce palier secondaire pour les sensibiliser sur les questions de prise d'initiatives et d'innovation. Et au niveau des universités canadiennes, on crée, indique-t-il, des centres d'entrepreneuriat. Le panel II est réservé pour le financement de l'innovation : quelles logiques pour les entreprises ? Alors que le panel III est consacré pour les politiques publiques et les milieux innovateurs. Les recommandations qui seront soumises aux pouvoirs publics seront donc présentées aujourd'hui.