L'héritier du trône saoudien, Sultan ben Abdoulaziz al saoud, demi-frère du souverain, est décédé, hier, à plus de 80 ans, alors que le roi Abdallah, 87 ans, est hospitalisé en Arabie saoudite, sur fond de tourmente dans le monde arabe. " C'est avec une peine et une tristesse profondes que le gardien des deux mosquées saintes, le roi Abdellah ben Abdoulaziz, pleure la mort de son frère et prince hériter Sultan, qui est décédé ce samedi matin, à l'aube, en dehors du royaume à la suite d'une maladie", a annoncé le palais royal dans un communiqué, indiquant que les obsèques se dérouleraient mardi prochain à Riyad. Longtemps malade, le prince Sultan a rendu l'âme aux Etats-Unis, où il suivait un traitement médical. Héritier du trône depuis 2005, il était également ministre de la Défense du royaume wahhabite, premier exportateur mondial de pétrole. Le prince Sultan se trouvait depuis juin aux Etats-Unis pour des soins médicaux. Il avait subi en juillet une intervention chirurgicale et aucune nouvelle n'avait filtré depuis sur son état de santé. Selon des diplomates occidentaux, il souffrait d'un cancer du côlon. Il avait été admis à l'unité de soins intensifs de l'hôpital Presbyterian à New York, peu après son arrivée aux Etats-Unis et se trouvait en état de mort clinique depuis plus d'un mois. Né en 1931 selon sa biographie officielle, mais plus âgé selon ses biographes, le prince Sultan s'était éloigné ces dernières années de la gestion des affaires du royaume en raison de ses séjours prolongés à l'étranger entre traitements et convalescence. Il était à la tête du ministère de la Défense et de l'Aviation depuis 1962 et avait modernisé les forces saoudiennes, doublant leurs effectifs à 100 000 hommes, et concluant d'importants contrats d'armements avec les Etats-Unis et la Grande-Bretagne. Son décès intervient alors que le roi Abdallah venait de subir après une nouvelle opération au dos. La télévision l'a montré mercredi sur son lit d'hôpital, recevant des dignitaires royaux et discutant avec eux. Le roi avait été opéré en novembre 2010 à New York d'une hernie discale, compliquée d'un hématome. Il a subi une deuxième opération début décembre, avant de passer une période de convalescence au Maroc. Le 23 février, il avait regagné son pays après trois mois d'absence. L'âge du roi Abdallah et son hospitalisation à l'étranger avaient alimenté les rumeurs sur l'avenir de la direction du royaume. Avec ce décès à l'évidence, c'est le ministre de l'Intérieur, le prince Nayef, qui devrait devenir prince héritier, après sa nomination en mars 2009 par le roi au poste de deuxième vice-Premier ministre. Le successeur du prince héritier doit être choisi par un Conseil d'allégeance des Al-Saoud, la dynastie qui dirige l'Arabie saoudite depuis sa création en 1932, pour la première fois dans l'histoire du royaume. Ce conseil, où sont représentées les 34 branches de la famille régnante, a été créé à la suite d'une réforme des modalités de succession introduite en 2006 pour assurer une transition pacifique du pouvoir dans cette monarchie ultraconservatrice du Golfe. Contrairement aux monarchies européennes, les règles de successions au trône des Saoud ne prévoient pas une transmission au fils aîné, mais passe de frère en frère, parmi les fils du roi Ibn Saoud, mort en 1953. Le conseil ne s'est encore jamais réuni. "La succession sera ordonnée ", avançait Assad al Chamlan, qui enseigne la science politique à Riyad. "Le point de départ, ce sera l'avis rendu par le conseil d'allégeance. Le plus probable semble-t-il, c'est que Nayef soit choisi ; si tel est le cas, je n'anticipe pas beaucoup de changements immédiats ", a-t-il ajouté. Depuis la mort, en 1953, du fondateur du royaume, le roi Abdel- Aziz, cinq de ses fils se sont succédé à la tête de cette puissance pétrolière. C'est la première fois qu'un prince héritier saoudien décède avant d'accéder au pouvoir. Réaction internationale La secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, a affirmé que le prince Sultan serait "regretté", tout en soulignant la pérennité des liens entre Washington et Riyad. Le Premier ministre britannique, David Cameron, s'est dit "attristé" par la mort du prince, rendant hommage à "sa sagesse et son expertise dans les affaires internationales". En Jordanie, le roi Abdallah II a fait observer une minute de silence à la mémoire du prince saoudien aux participants du Forum économique mondial, tandis que le président syrien al Assad a adressé ses condoléances "au nom du peuple syrien" au roi d'Arabie.