La menace terroriste dans la région sahélo-saharienne est réelle et " persistante, et la situation nécessite une analyse pour dégager une véritable stratégie de lutte ". Selon le politologue et ancien secrétaire général au ministère des Affaires étrangères Abdelaziz Djerad, seule la coopération internationale est à même d'endiguer ce phénomène transnational. Invité, hier, de la chaîne III de la Radio nationale, il a estimé que l'intervention des Occidentaux est certes " indispensable mais elle doit se limiter aux renseignements notamment et ne pas accepter d'ingérence ". Abordant le cas de la Libye , il a souligné que le problème qui se pose actuellement est la circulation des armes qui est un danger sur la région et même sur les pays occidentaux. " Les Occidentaux ont laissé un peu faire en négligeant la disparition des armes alors que l'Algérie est le premier pays à mettre en garde la communauté internationale contre ce danger ", a-t-il déclaré. Plus grave, fait remarquer Abdelaziz Djerad, la " Russie a élaboré un document transmis au conseil de sécurité de l'ONU dans lequel elle fait état de la disparition de plusieurs missiles ". La situation actuelle est très compliquée et la récupération de toutes ces armes, dont certaines sont lourdes, est très " difficile, car des quantités d'armes non négligeables sont tombées entre les mains de l'AQMI". La mission des nouvelles autorités libyennes est d'autant plus compliquée car les divisions et les considérations tribales ne facilitent pas la tâche. Justement la coopération entre l'Algérie et la Libye dans la conjoncture actuelle est importante, car " nous avons en commun une frontière de plus de 900 Km qu'il faudrait sécuriser davantage en plus de l'impératif de travailler dans le cadre de l'espace maghrébin qu'il faut aussi corriger ", a-t-il précisé. Abdelaziz Djerad estime que les déclarations du responsable du CNT libyen sur la construction d'un Etat sur la base de la charia sont " malheureuses car au contraire il faut laisser le peuple s'exprimer ". Une chose est certaine pour le politologue : il est " impossible d'aller vers des Etats théocratiques d'autant qu'il n'y a pas de contradiction entre la charia et la démocratie ". Concernant la Tunisie il est persuadé que le pays est en train de " faire de grands pas vers la démocratie " et le politologue Djerad se dit n'être pas du tout étonné de la victoire du parti Ennahda aux élections pour la constituante. Invité à commenter les révolutions arabes, il considère que celles-ci ont été menées par les peuples qui aspirent au changement et qu'elles ne sont pas le fait de la main de l'étranger. En revanche, poursuit-il, les Etats-Unis préparent un " plan pour ces régions où les islamistes participeront à la vie politique ".