Longtemps décrié après son flop télévisuel, "Babor Dzair ", le cinéaste Merzak Allouache vient de rebondir avec "Normal ", un film qui a triomphé au festival international de Doha-Tribeca. Cette œuvre sur la situation et surtout la désillusion de la jeunesse algérienne recevait en début de semaine soit à la clôture de ce rendez-vous cinématographique, le prix du meilleur long métrage arabe. La valeur de ce trophée dont il a grand besoin, est de 100.000 dollars ! C'est le cinéaste syrien Mohammed Malas, président du jury, qui lui a remis ce prix en égard à "la lutte du peuple syrien". Tout un symbole ! Selon le jury, ce film a été choisi "pour sa capacité à exprimer avec courage ce qui se passe dans les pays arabes et à dévoiler la répression". Le film évoque, à travers l'histoire d'un jeune cinéaste et de son épouse, la désillusion de la jeunesse algérienne, en butte à la bureaucratie et la corruption. Le prix du meilleur réalisateur arabe a été attribué à Roshdy Zem pour "Omar m'a tuer", titre emblématique et phrase célèbre de l'affaire Raddad, dans laquelle un jardinier marocain fut condamné en France pour le meurtre de sa patronne puis gracié après sept années de prison. Sorti dans les salles françaises en juin dernier, ce film coproduit par le Maroc et la France vient d'être désigné par le Centre cinématographique marocain pour postuler aux sélections des meilleurs longs métrages en langue étrangère aux Oscars 2012. Selon Relax News, la sélection des cinq films sera dévoilée le 24 janvier prochain. La 84e Cérémonie des Oscars se tiendra le 26 février prochain. Une performance pour Rachid Bouchareb (producteur de ce film) qui a déjà présenté lors de la dernière édition, son ambigu, " Hors-la-loi " qui représentait alors l'Algérie. Le prix du meilleur documentaire arabe est allé à "La Vierge, les Coptes et Moi" du réalisateur franco-égyptien Namir Abdel Messeeh. Le prix du meilleur réalisateur de documentaire arabe est allé à la Libanaise Rania Stephan pour "Les trois disparitions de Souad Hosni", un hommage à l'actrice égyptienne tragiquement disparue en 2001. Ouvert mardi dernier, ce festival s'était amorcé avec " Or noir " du réalisateur français Jean-Jacques Annaud, en partie tourné au Qatar, qui raconte la saga de la découverte du pétrole. Plusieurs stars étaient présentes au cours de ce festival, dont Antonio Banderas, qui a jouté dans "Or Noir", ainsi que Freida Pinto et Omar Sharif. Le festival de Tribeca, fondé par Robert De Niro pour revitaliser la vie culturelle à Manhattan après les attaques du 11 Septembre, a organisé l'édition de Doha pour la troisième année consécutive, avec les autorités du Qatar. Le Qatar dépense sans compter pour s'imposer comme un pôle culturel dans le Golfe, où les festivals de cinéma se font concurrence : celui d'Abou Dhabi s'est achevé le 21 octobre alors que celui de Dubaï doit se tenir du 7 au 14 décembre. Les festivals du Golfe se sont imposés cette année parmi les principaux festivals du monde arabe, ceux plus établis du Caire et de Damas ayant été annulés en raison des bouleversements dans ces pays. "Harragas ", Palmier d'or en 2009 D'une actualité brûlante non seulement ici mais dans tout le continent africain, " Harragas " de Merzak Allouache avait remporté en 2009 le Palmier d'Or à la 30e édition de la Mostra de Valence (Espagne) consacrée au cinéma méditerranéen. Le réalisateur du mémorable " Omar Guatlatou " empochait à la faveur d'une réception, un chèque de 40.000 euros dont est doté ce trophée. " Harragas " ou les brûleurs, était en compétition aux côtés de plus de 12 films de 13 pays méditerranéens. Déjà très bien accueilli par le public lors de sa projection, ce film raconte l'odyssée de la traversée clandestine de la Méditerranée d'un groupe de jeunes à bord d'une pastera avec l'espoir d'atteindre les côtes espagnoles, à partir d'une vision collective et austère proche du documentaire. "J'ai voulu parler d'un phénomène général, un drame qui touche beaucoup les jeunes des pays du Maghreb et de l'Afrique subsaharienne. Je ne parle pas des motivations de la traversée mais de la traversée elle-même", avait-il souligné lors d'une conférence de presse, en présence des protagonistes de son film. Encore tout neuf, "Harragas " de Merzak Allouache qui venait à peine d'être mis en boite, participait à la 66ème édition du festival de la Mostra de Venise qui avait eu lieu le 12 septembre dernier. Ce long métrage tourné en grande partie en Algérie, ne sortira apparemment pas de sitôt en salle, puisque comme le veut la tradition, il fera le tour de quelques festivals du monde. " Harragas " ou "brûleurs ", ces jeunes qui flambent leur vie après tout pas si amusante que ça, commence à être l'un des thèmes qu'explorent de plus en plus écrivains, journalistes et cinéastes, mais sans pour autant proposer de façon concrète des solutions, à ces nouveaux " boat people". Tous, s'en tiennent à l'observation, au sentimentalisme et à une narration simple des faits. Après son flop de téléfilm, " Babor Dzair " à propos duquel un réalisateur algérien a dit qu'avec "une caméra de surveillance on aurait fait beaucoup mieux", Allouache revient sur un sujet certes très actuel mais encore abordé de façon frileuse.