A la surprise générale, la Banque centrale européenne (BCE) a abaissé, avant-hier, son principal taux directeur à 1,25%, a annoncé l'une de ses porte-parole, contre 1,5% précédemment. L'Italien Mario Draghi, qui a tenu sa première conférence de presse en tant que nouveau président de l'institution monétaire européenne à 13H30 GMT, était un feu roulant de questions au vu de l'évolution dramatique de la crise en zone euro ces derniers jours. La BCE a également abaissé de 25 points de base ses deux autres taux directeurs, à savoir le taux de dépôt au jour le jour, qui est désormais de 0,5% contre 0,75% précédemment, ainsi que son taux de prêt marginal, passé à 2% contre 2,25% auparavant. Economistes et marchés espéraient un geste de la part de la BCE en faveur des pays en difficulté de la zone euro, mais pas forcément sur les taux dès ce mois-ci. La BCE est en effet attendue au tournant sur son programme de rachat d'obligations publiques sur le marché secondaire. Cependant, par crainte de compromettre son indépendance ou d'inciter les gouvernements au laxisme budgétaire, la BCE ne conduit ce programme que de mauvaise grâce et espère que le Fonds européen de stabilité financière (FESF) prenne bientôt le relais. En dépit de plusieurs sommets européens qui se sont penchés sur la crise, la situation est redevenue explosive depuis que le Premier ministre grec Georges Papandréou a décidé d'organiser un référendum sur le plan de sauvetage du pays qui met en suspens de facto toutes les aides européennes prévues. Par ailleurs les taux d'emprunt de l'Italie et de l'Espagne, deux gros pays également dans le collimateur des marchés, sont toujours sous haute tension. A l'issue de la conférence de presse au siège de la BCE à Francfort (ouest), M. Draghi doit gagner Cannes, dans le Sud-Est de la France, pour participer au sommet des pays du G20, où la crise de la zone euro occupera encore le devant de la scène. La BCE avait été la première banque centrale à avoir donné un tour de vis à sa politique monétaire après la crise financière. Mario Draghi a toutefois souligné que l'inflation devrait revenir sous le seuil de 2,0% en 2012. Maelstrom en zone euro Mario Draghi a pris ses fonctions mardi, en plein maelstrom de la zone euro avec le retour sur le devant de la scène de la crise grecque et les inquiétudes croissantes sur la capacité de l'Italie, son pays d'origine, à prendre les mesures nécessaires d'assainissement de ses finances publiques. Il n'a toutefois pris aucun engagement sur une augmentation des achats d'obligations d'Etat sur le marché secondaire par la BCE dans le cadre du Programme de rachat de titres (SMP) pour venir en aide à des pays comme l'Italie ou l'Espagne. La zone euro s'achemine vers une récession modérée d'ici la fin de l'année", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse. Les prévisions et les projections de la croissance réelle moyenne du PIB en 2012 subiront très probablement une sensible révision à la baisse, a-t-il ajouté. L'inflation va revenir sous les 2% en 2012 en zone euro L'inflation en zone euro "reste élevée" mais "va diminuer au cours de l'année 2012, sous les 2%", conformément à l'objectif de moyen terme de la Banque centrale européenne (BCE), a déclaré, avant-hier, l'italien Mario Draghi, son nouveau président, lors de sa première conférence de presse mensuelle. La décision de baisser, avant-hier, les trois taux d'intérêt directeurs de la BCE de 25 points de base chacun permettra de respecter son objectif de moyen terme d'une inflation à un niveau proche mais inférieur à 2%, a-t-il estimé. La hausse des prix atteint actuellement 3% en zone euro. L'économie de la zone euro est affectée par des "risques intensifiés" et des "incertitudes persistantes", a encore dit le président, remplaçant de Jean-Claude Trichet. L'économie est marquée par une "incertitude particulièrement haute" et une "intensification des tensions sur certains segments des marchés financiers", a-t-il ajouté après la baisse surprise des taux directeurs de la BCE.