aDes forages sur un gisement de gaz de schiste dans le Nord de l'Angleterre sont très probablement à l'origine de secousses sismiques ayant touché la région en avril et mai dernier, a estimé, tout récemment, un rapport d'experts publié, avant-hier. Il est hautement probable que les opérations de fracturation menées par la société britannique Cuadrilla ont provoqué les réactions sismiques constatées, en raison d'une combinaison de facteurs liés à la nature géologique du site et à la pression exercée par l'eau injectée sous terre, estime ce rapport rédigé par une équipe d'experts européens. La région côtière du Lancashire (nord-est) avait enregistré le 1er avril et le 27 mai des secousses telluriques de magnitudes respectives 2,3 et 1,5 sur l'échelle de Richter. Plusieurs organisations de défense de l'environnement avaient alors mis en cause les forages réalisés par Cuadrilla dans un puits des environs, ce qui avait poussé la compagnie à commander un rapport d'experts sur la question, après consultation avec le ministère britannique de l'Energie. Ces forages utilisaient la technique controversée de la fracturation hydraulique, qui consiste à fracturer la roche en grande profondeur avec un mélange d'eau et de produits chimiques projeté à haute pression, afin d'en libérer les hydrocarbures. La conjonction de caractéristiques géologiques spécifiques à ce site est rare et ne devrait pas se reproduire à l'avenir sur d'autres puits, a cependant tempéré le rapport, estimant qu'une secousse sismique de magnitude 3 était le pire scénario envisageable. Mais les injections d'eau ont lieu à 3 km sous la surface de la terre, ce qui réduit considérablement le risque que des séismes de magnitude 3 ou moins puissent avoir le moindre impact à la surface, ont poursuivi les experts, conseillant simplement à Cuadrilla de mettre en place une veille de l'activité sismique du sous-sol exploité. Cuadrilla avait annoncé fin septembre que, après une première campagne de forages, elle évaluait à 200.000 milliards de pieds cube (soit 5.660 milliards de mètres cubes) les réserves de gaz de schiste dans le bassin du Lancashire -- soit l'équivalent des réserves prouvées du Venezuela. Le chiffre avait été accueilli avec beaucoup de scepticisme par les analystes du secteur, qui jugent que seule une infime partie de ces éventuelles réserves serait réellement exploitable.