C'est sans doute l'un des cinéastes algériens qui ne se roule jamais les pouces : Ali Mouzaoui. Malgré les problèmes budgétaires, les tracas administratifs, les ennuis logistiques, le cinéaste travaille en laissant dans ces tiroirs des tas de projets, de façon à attaquer d'autre chantiers dès qu'il en finit un. Après " Mimezrane ", (La fille au tresse) et " Mouloud Feraoun", le réalisateur a donné ce week end à Tizi Ouzou, à l'hôtel " Jardin Secret", le premier tour de manivelle de son nouveau film "Le menteur ". Le film est un mélodrame qui raconte le récit de deux jeunes amoureux qui aspirent à vivre heureux dans une famille, elle aussi heureuse, mais qui seront confrontés aux archaïsmes et la complexité de la société algérienne. D'une durée de 90 minutes, ce moyen-métrage sera tourné en Kabylie, dans deux localités de la wilaya de Tizi Ouzou, à savoir Tigzirt et Béni Yenni et dans les wilayas de Bouira et d'Oran, pour une durée de huit semaines. Le tournage durera de 3 mois et si tout va bien d'ici là, il sera projeté en avant-première dès le mois de janvier prochain, selon Ali Mozaoui, qui a souhaité une contribution financière de l'ENTV. Cette production cinématographique sera tourné en deux versions, Arabe et Tamazight. Auteur du scénario et réalisateur de ce film, qui met en scène selon le synopsis "au hasard d'une panne de voiture, sur le chemin de l'école, Lila, jeune et pimpante institutrice, et fille de Si Hacène, ancien officier de l'ALN, fait connaissance d'Abderrahmane, un beau séducteur frivole qui renie sa condition de jeune mécano pour s'inventer un mythe de fils d'homme d'affaires". Pour couvrir ses dépenses faramineuses et garder son niveau de vie que ne peut lui procurer le travail de mécanicien, il s'acoquine avec Mourad, Hamid et Karim, trois lascars happés par un réseau de drogue que dirige un caïd sans scrupules, explique le réalisateur. On retrouve également dans le film une référence au terrorisme, à travers le personnage de Meriem, une belle femme qui "par la folie intégriste s'impose le voile noir pour épargner aux autres la vue de son visage devenu masque d'horreur". Ali Mouzaoui a invité à cette cérémonie de 1er coup de manivelle pour sa nouvelle production, le réalisateur vedette du cinéma algérien, Abderrahmane Bouguermouh qu'il essayera d'immortaliser à travers un documentaire biographique intitulé " Mon ami, mon double ", ainsi que la romancière Djoher Ahmis. Sur son bureau sommeille également un autre projet de long métrage intitulé "Blessures de coquelicot". Ali Mouzaoui à temps plein Après " Mimazrane", un conte berbère signé à la faveur de "Alger capitale de la culture arabe" en 2007, Ali Mouzaoui se tournait l'an dernier vers une autre figure légendaire de la Kabylie, mais cette fois -ci littéraire. Il s'agissait de Mouloud Feraoun, l'auteur de l'illustre, "Fils du pauvre" assassiné le 15 mars 1962 par l'OAS (Organisation de l'armée secrète) au Château Royal de Ben Aknoun. Sortie début 2010, ce film documentaire, ce moyen-métrage a bien sûr fait quelque festival mais n'a jamais fait la tournée des salles algériennes. D'une durée de 52, "Mouloud Feraoun " qui a coûté, selon le cinéaste la bagatelle de 35 millions de dinars avait reçu une enveloppe de 7 millions de dinars du ministère de la Culture. Les autres subventions étaient venues de différentes wilayas dont Sétif, Bouira, Béjaïa, Tizi Ouzou et l'APC de Larbaâ Nath Irathen. Selon le réalisateur , le projet qui lui tenait à cœur, remonte à l'année 1983, et était prévu dans sa version première en sept épisodes, " mais des blocages n'avaient pas permis sa sortie, "avait révélé l'auteur de Mimazrane. Le tournage qui a été fait dans tous les espaces où a évolué l'auteur de "La terre et le sang ", c'est-à-dire en Kabylie et dans l'Algérois avait duré 48 jours. "Ce film est le portrait d'un auteur modeste et discret, aux convictions courageuses, inspirées et mêlées au destin de son peuple dont il a su interpréter la tourmente et l'espoir durant la longue nuit coloniale", avait encore souligné Mouzaoui tout en souhaitant que son œuvre soit "à la hauteur de ce monument de la culture algérienne, alliant admirablement les référents de l'authenticité, aux valeurs universelles". Instituteur, enseignant durant plusieurs années avant d'être nommé inspecteur des centres sociaux, Mouloud Feraoun s'est attelé durant toute sa vie professionnelle à peindre de façon authentique et sobre la vie des paysans dans cette Kabylie qui ne nourrissait pas son homme. Dans Le fils du pauvre, un livre autobiographique, le personnage principal, Fouroulou, c'était lui, l'enfant unique qui était choyé par des sœurs et une mère et même un père qui regardaient alors leur enfant comme une Providence.