Le numéro un allemand de l'énergie EON a annoncé, hier, une chute spectaculaire de son bénéfice net sur neuf mois, de 64% à 1,6 milliard d'euros hors effets exceptionnels, qu'il a imputés notamment à l'abandon de l'énergie nucléaire. Les analystes interrogés par Dow Jones Newswires attendaient 1,5 milliard d'euros. En données brutes et part du groupe, le recul est encore plus spectaculaire, avec un bénéfice net sur neuf mois de 864 millions d'euros, contre 3,5 milliards sur la même période en 2010. Sur le seul troisième trimestre, le bénéfice net brut et part du groupe atteint 173 millions d'euros, contre une perte de 389 millions il y a un an. EON a indiqué avoir pâti en particulier de la décision du gouvernement allemand de fermer les plus vieilles centrales nucléaires du pays au printemps, avant de condamner les autres d'ici 2022. Cet arrêt brutal a concerné deux réacteurs du groupe, qui a affirmé être affecté aussi par le prélèvement depuis le 1er janvier d'une taxe sur le combustible nucléaire, qu'il conteste d'ailleurs en justice. Mais EON a reconnu que ses problèmes ne se limitaient pas au nucléaire, et indiqué que ses résultats depuis le début d'année souffraient aussi de mauvaises marges dans la vente de gaz, ainsi que de contre-performances dans ses activités britanniques. A l'inverse, ses activités en Russie et sa division énergies renouvelables ont vu leurs bénéfices grimper, selon le rapport trimestriel. Le chiffre d'affaires d'EON sur neuf mois a lui grimpé de 21% à 77,5 milliards d'euros, en raison de forts bénéfices dans les activités de courtage d'énergie. Le groupe a confirmé ses prévisions de résultat, qu'il avait fortement révisées en baisse en août: il attend un bénéfice net annuel hors éléments exceptionnels entre 2,1 et 2,6 milliards d'euros. Le dividende va lui passer de 1,3 euro par action à 1 euro, a rappelé EON. Le numéro un allemand de l'énergie a annoncé récemment une restructuration en profondeur, qui lui fera perdre entre 9000 et 11 000 emplois sur les 79 000 qu'il compte dans le monde.