Le numéro trois allemand de l'énergie EnBW a essuyé une importante perte sur neuf mois, selon des chiffres publiés, vendredi dernier, qui portent la marque de l'arrêt abrupt de deux de ses centrales nucléaires en mars. EnBW a inscrit une perte nette de 552 millions d'euros, contre un bénéfice de 1,25 milliard d'euros l'an dernier sur la même période. EnBW n'est pas coté et ne publie pas de résultats trimestriels. La décision du gouvernement allemand d'arrêter les huit plus vieilles centrales du pays en mars, après la catastrophe de Fukushima au Japon, s'est traduite par des coûts exceptionnels élevés pour EnBW, dont deux sites sont concernés. Le groupe a dû procéder à des dépréciations importantes dans ses comptes. Les deux grands concurrents allemands du groupe, EON et RWE, ont eux aussi publié ces derniers jours des résultats en forte baisse, pour la même raison. Confronté à l'arrêt du nucléaire (les centrales stoppées ne seront pas remises en service, et toutes les autres en Allemagne doivent progressivement être arrêtées), EnBW a décidé une réorientation stratégique vers les énergies renouvelables et la production décentralisée, en partenariat avec les communes. Le groupe basé à Karlsruhe (sud-ouest) est détenu à 45% par l'Etat régional du Bade-Wurtemberg, lui-même dirigé depuis cette année par un gouvernement mené par les écologistes (Verts). Le Land a racheté en décembre 2010 la part détenue par le français EDF pour 4,7 milliards d'euros. Outre le fait que le Land n'a pas forcément fait une bonne affaire (la décision de sortie du nucléaire a nettement déprécié la valeur de l'entreprise), un tribunal allemand a estimé que les modalités de la cession n'avaient pas respecté la loi. La transaction n'est pourtant pas remise en cause.