La croissance économique a plafonné au troisième trimestre en zone euro avec une hausse de 0,2% comme au trimestre précédent, mais elle pourrait se contracter au quatrième trimestre face à l'ampleur de la crise de la dette préviennent les analystes. Selon une première estimation, hier, de l'office européen des statistiques Eurostat, le Produit intérieur brut (PIB) de la zone euro a cru de 0,2% de juillet à fin septembre, soit la même progression que sur le trimestre précédent.La zone euro décroche au niveau mondial. C'est en effet nettement moins qu'aux Etats-Unis, où la croissance au troisième trimestre a atteint 0,6% par rapport au trimestre précédent, et au Japon où le PIB s'est envolé de 1,5% sur la même période après, il est vrai, un recul au trimestre précédent. En comparaison avec le troisième trimestre 2010, le PIB corrigé des variations saisonnières dans la zone euro a enregistré une hausse de 1,4% en zone euro, contre 1,6% au trimestre précédent, précise Eurostat. Le chiffre de la croissance est ressorti à un niveau conforme aux attentes des analystes. Les économistes interrogés par l'agence Dow Jones Newswires tablaient sur une progression du Produit intérieur brut des dix-sept pays de la zone euro de 0,2%, après un premier trimestre solide (+0,8%) et un ralentissement au deuxième trimestre (+0,2%). Eurostat ne donne pas de détails sur les composantes de la croissance mais la publication des chiffres nationaux dans plusieurs pays de la zone euro montrent que l'Allemagne a résisté à la morosité ambiante au troisième trimestre .La première économie de la zone euro a en effet enregistré une croissance de 0,5%, une meilleure performance que celle de son voisin français (0,4%). Pour Martin Van Vliet, analyste de la banque ING, la croissance au troisième trimestre doit beaucoup aux investissements des entreprises et aux exportations. C'est un soulagement de constater que l'économie réelle tente de croître malgré l'escalade de la crise de la dette. Mais en regardant derrière la surface, le tableau est moins rose, note l'économiste. Car la croissance s'est limitée à certains pays de la zone euro jugés solides comme l'Allemagne, la France et l'Autriche (+0,3%). Ces trois pays font partie des mieux notés au sein de la zone euro avec un triple A pour leur solvabilité. En revanche, l'activité a stagné en Espagne et en Belgique et s'est même contractée aux Pays-Bas (-0,3%) pour la première fois depuis 2009, et au Portugal, souligne l'analyste du bancassureur ING. La Grèce, elle, reste enfoncée dans la récession. L'activité s'est contractée de 5,2% au troisième trimestre. En outre, le chiffre global du troisième trimestre tient uniquement à un sursaut de l'activité en juillet et en août, note M. Van Vliet, rappelant que depuis, la situation a pris un tour dramatique avec la contagion de la crise de la dette à l'Italie notamment. Par conséquent, il estime que le chiffre du troisième trimestre est la dernière bonne nouvelle, avant de voir l'activité se contracter et probablement entrer en récession. Pour Howard Archer, économiste chez IHS Global Insight, le PIB devrait reculer de 0,25% au quatrième trimestre et au premier trimestre 2012, ce qui correspond à une phase de récession qui se définit à partir d'au moins deux trimestres consécutifs de recul de l'activité économique. La Commission européenne n'exclut plus un retour en récession pour l'Europe en 2012 en raison principalement de l'impact de la crise de la dette qui sape la confiance, menace d'emporter l'Italie et de déstabiliser l'ensemble de la zone euro. Le président de l'exécutif européen, José Manuel Barroso, a indiqué, hier, que l'Europe peut tomber en récession en 2012. Pour le Vieux continent, il s'agirait de la deuxième récession en trois ans, après celle née de la crise financière en 2008.