Le président Bachar al-Assad a assuré, avant-hier, que la Syrie ne cédera pas aux pressions internationales, à l'expiration de l'ultimatum lancé par la Ligue arabe pour faire cesser la répression. Les violences ont, en outre, continué, hier. Les opposants ont tiré sur l'un des sièges du parti au pouvoir. L'organisation panarabe, qui a suspendu Damas de ses instances mercredi, avait laissé à la Syrie jusqu'à, avant-hier, pour se conformer, sous peine de sanctions, au plan de paix qui prévoit notamment un retrait des troupes déployées dans plusieurs villes du pays. "Le conflit continuera et la pression pour soumettre la Syrie aussi", déclare Bachar al-Assad dans une vidéo diffusée sur le site internet du "Sunday Times". "Cependant je peux vous assurer que la Syrie ne pliera pas et qu'elle continuera à résister à la pression dont elle fait l'objet." Se disant "tout à fait prêt à combattre et à mourir s'il devait affronter des forces étrangères, Bachar al-Assad affirme qu'il ressent du chagrin à chaque goutte de sang versée dans son pays, mais que son régime doit faire respecter la loi face à des bandes armées. Avant-hier, au moins 17 personnes ont été tuées, dont 11 civils. le Siège du parti Baas attaqué Dans son interview au "Sunday Times", Bachar al-Assad prévient que toute intervention militaire étrangère provoquerait un séisme dans tout le Moyen-Orient. "S'ils sont logiques, rationnels et réalistes, ils ne peuvent pas (intervenir militairement), parce que les répercussions seraient terribles. Une intervention militaire déstabiliserait la région tout entière et tous les pays seraient affectés", martèle-il. La Grande-Bretagne, la France, l'Allemagne et plusieurs pays arabes espèrent soumettre, demain, au vote de l'Assemblée générale de l'ONU une résolution condamnant la Syrie pour la répression de l'opposition. Au moins deux roquettes ont été tirées à Damas sur l'un des sièges du parti Baas, au pouvoir depuis 1963. Il s'agit de la première attaque des opposants au président Bachar Al-Assad dans la capitale depuis le début du soulèvement populaire mi-mars. Le CNS veut des élections d'une constituante Le Conseil national syrien (CNS), regroupant la majorité des courants de l'opposition, a annoncé, hier, un projet de programme politique ayant pour objectifs la chute du régime syrien et la tenue d'élections d'une assemblée constituante à l'issue d'une période transitoire d'un an. Selon ce projet diffusé sur son site internet, le CNS proclame que la chute du régime syrien et de tous ses symboles est l'objectif de ce conseil qui représente la majeure partie des forces politiques, des groupes de l'opposition et des mouvements dirigeant la contestation. Le Conseil affirme vouloir préserver la nature pacifiste de la révolte et dit souhaiter œuvrer à construire un Etat civil, démocratique et pluraliste, avec un système parlementaire, ajoute le CNS qui prévoit l'égalité des citoyens, la séparation des pouvoirs, la protection et la garantie des droits des minorités. Selon ce projet, le conseil dirigera le pays avec l'institution militaire pendant la période transitoire afin de préserver l'unité et la sécurité du pays. Un gouvernement temporaire sera formé et il sera chargé d'organiser des élections libres au bout d'un an sous une supervision arabe et internationale pour désigner une assemblée constituante avec pour mission d'élaborer une nouvelle Constitution, ajoute le texte. La nouvelle Constitution sera soumise à un referendum et, une fois adoptée, des élections législatives seront convoquées dans un délai de six mois. Le Conseil national syrien a été lancé officiellement le 2 octobre à Istanbul. Il regroupe notamment les Comités locaux de coordination (LCC) qui chapeautent les manifestations sur le terrain, les libéraux, la confrérie des Frères musulmans interdite de longue date en Syrie, ainsi que les Kurdes et les Assyriens. Le CNS n'a été reconnu jusqu'à présent que par les nouvelles autorités libyennes. La France a estimé jeudi que le CNS devait s'organiser avant toute reconnaissance officielle. Il faut que le CNS s'organise. On a des contacts avec eux, j'ai vu à Paris M. (Burhan) Ghalioun, qui en est le président. "Nous les aidons, nous avons des contacts avec eux et nous les encourageons à s'organiser", a déclaré le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, excluant dans l'immédiat une reconnaissance officielle du CNS par la France.